Exposition du 5 juin au 6 juillet 2014
Habiter –activité ordinaire dont nul ne peut s’affranchir– résonne avec l’idée de sédentarité. Pourtant, se loger ne répond pas tant à une exigence sociale d’ancrage territorial qu’à un besoin naturel d’aller et venir sans entrave du monde extérieur à l’espace confiné du «chez soi». Hissé par le capitalisme au rang des denrées rares objets de profit et de spéculation, l’habitat n’est pas un sujet anodin. Rien d’étonnant à ce qu’au sein des classes populaires, premières dépossédées de cet instrument privilégié du bien-être, l’habitat «hors norme» ait acquis une certaine forme de noblesse, symbole d’insubordination, mais surtout d’un épanouissement libéré de la pesanteur conformiste.
En prenant pour objet l’habitat mobile, éphémère et léger, Des aires traverse, dans un témoignage vivant, une part occultée de l’histoire populaire occidentale : celle qui a érigé la mobilité au rang de valeur émérite d’un système fondé sur la propriété privé. La non-conformité de ces habitats non ancrés au sol (tels que la yourte ou la cabane) conduit des personnes qui ont fait le choix de la «simplicité volontaire» devant les tribunaux face aux dépositaires de l’autorité du droit de l’urbanisme. Des questions fondamentales qui remanient les concepts de propriété privée et de rapport au territoire se posent et trouvent un certain écho médiatique. Des aires, nourri de portraits d’hommes et de femmes liés à cette question de l’habitat léger et mobile, remet à plat dans un langage posé et documenté les fondements du débat et de l’incompréhension séculaire entre nomades et sédentaires. Pour le moment, en France, la loi interdit l’habitat mobile sauf pour les gens du voyage qui ont l’obligation de stationner sur les aires d’accueil de gens du voyage ou sur les terrains familiaux.
Des aires est un travail en cours mené par Gaëlla Loiseau, ethnologue et Alexandra Frankewitz, photographe pour la réalisation d’un webdocumentaire sur l’habitat mobile. Ce projet est soutenu par la Région Languedoc-Roussillon et la DRAC Languedoc-Roussillon.
Gaëlla Loiseau
Née en 1976, Alexandra Frankewitz étudie la photographie documentaire à Newport (UK) pendant trois ans. Elle a été largement influencée, durant sa formation au pays de Galles, par cette nouvelle forme de photographie documentaire post-thatchériste des années 80 qui laisse place à la subjectivité dans l’approche documentaire. Son travail s’est souvent concentré sur une population «en marge». Elle aime rencontrer les gens, découvrir leur quotidien, et les choses ordinaires qui façonnent leur monde. Depuis 2003, elle fait partie du collectif Transit et collabore régulièrement avec la presse. Elle a dernièrement exposé à Paris (Central Dupon), Montpellier (Espace Dominique Bagouet), et Nîmes (Le lac gelé).
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Exposition réalisée en partenariat avec Photographie.com