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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Frank Horvat et ses contemporains

Exposition du 20 juillet au 16 septembre 2018
Vernissage le mardi 5 mars à 18h30

Ses photos et son choix dans la photographie française
Collection de la Maison Européenne de la Photographie, Paris

Frank Horvat, l’un des maitres de la photographie française, acquiert une renommée internationale dès les années 1950 par ses photographies de mode, considérées comme renouvelant le genre. Son œuvre éclectique allie photojournalisme, mode, paysage et portrait, en passant par la photographie de rue et des essais sur la nature et la sculpture.

En contrepoint de ses propres images, il a été invité par Jean-Luc Monterosso, alors Directeur de la Maison Européenne de la Photographie à Paris, à puiser dans la collection de cette institution pour en extraire sa vision de la photographie française.

Frank Horvat nous propose une immersion dans la photographie qui a constitué toute sa vie. Un parcours dans 40 ans de photographie – des compositions de mode en noir et blanc des années 60 aux paysages couleur des années 90, pour découvrir ensuite le travail de quelques-uns des photographes qui ont marqué sa vie et son travail : Edouard Boubat, Gilles Caron, Henri Cartier-Bresson, André Kertész, Sarah Moon, Willy Ronis, Sabine Weiss.

Né en Italie en 1928 de parents médecins, juifs et originaires d’Europe Centrale, Frank Horvat vit successivement en Suisse, en Italie, au Pakistan, en Inde, en Angleterre et en France, où il s’installe à la fin des années 1950, tout en se rendant régulièrement aux États-Unis et en voyageant souvent en Europe, dans les Amériques et en Asie. Son parcours de photographe est influencé par sa rencontre en 1951 avec Henri Cartier-Bresson, qui le pousse à adopter le Leica et à entreprendre un voyage de deux ans en Asie, en tant que photojournaliste indépendant. Les images en noir et blanc qu’il y réalise lui valent ses premiers succès — notamment sa participation à l’exposition « The Family of Man », au Museum of Modern Art de New York.
À partir de 1957, il applique son expérience de reporter à la photographie de mode, avec un style plus réaliste et moins guindé que celui des magazines de l’époque. Ses publications dans ELLE, Vogue et Harper’s Bazaar, en Europe comme aux États-Unis, influenceront durablement le genre.

En 1985, souffrant d’une affection des yeux, il passe temporairement de la photographie à l’écriture, avec un recueil d’entretiens avec d’autres photographes célèbres. Les années 1990 le conduisent à une rupture encore plus radicale, par l’utilisation de l’ordinateur et des manipulations qu’il permet : il devient l’un des pionniers de la photographie numérique.

Parmi les photographes choisis par Frank Horvat pour figurer à ses côtés dans cet accrochage, deux l’ont particulièrement marqué: Henri Cartier-Bresson, bien sûr, et Edouard Boubat.

Frank Horvat rencontre Henri Cartier-Bresson (1908-2004) la première fois qu’il vient à Paris en juillet 1951. La capitale française est alors pour lui la capitale du monde. Celui de la mode, mais aussi de ceux de la peinture, des lettres, des spectacles et surtout – dans sa perspective – du photojournalisme : c’était le siège de Magnum. Henri Cartier-Bresson recevait tous les mercredis à 10 heures, des jeunes photographes au bureau place Saint-Philippe du Roule, où Frank Horvat reçut une leçon qu’il n’était pas prêt d’oublier.
« Vous travaillez au 6×6? Le Bon Dieu ne vous a tout de même pas mis les yeux sur le ventre! Et au flash? C’est une intervention arbitraire! Et en couleur? J’en ferais, si je pouvais disposer de ma propre palette, mais je ne me servirai jamais de celle de Kodak! » Il retourna la pile de mes tirages, le haut des photos vers le bas, afin que les expressions des visages ne le distraient pas de l’analyse des compositions, les examina l’un après l’autre, m’en fit remarquer les défauts et conclut:  « Vous n’avez rien compris. Allez donc au Louvre et étudiez les compositions de Poussin. »
Frank Horvat dira de cette douche froide : « [ …] Je crois que, dans la suite, il me considéra comme un disciple un peu marginal, mais estimable. De mon côté, je lui reste reconnaissant et je ne pourrais nommer personne – en dehors de ma mère – qui m’ait autant et aussi positivement influencé. Il me fallut cependant plusieurs décennies pour assimiler sa leçon, et je continue à me demander si je l’ai entièrement comprise. »

Frank Horvat rencontra Edouard Boubat au début des années 1960. Entre 1959 et 1962, il avait continué à faire des photos de reportage, en particulier pour deux petits livres, l’un sur la télévision, l’autre sur le strip-tease. Il collaborait également à Réalités, un mensuel qui publiait des grandes enquêtes par des journalistes très connus et des essais photographiques parallèles, sur les mêmes thèmes. Ce fut dans cette rédaction qu’il connut Édouard Boubat, un photographe qu’il considère inimitable et qui devint son meilleur ami. Ce sera avec Edouard Boubat qu’il débutera les entretiens de son livre publié en 1990  et intitulé « Entrevues » et dans lequel il l’évoquera en ces termes “Boubat regarde le monde comme s’il venait de débarquer et comme si ses yeux venaient de s’ouvrir”.

En savoir plus

Exposition coproduite avec la Ville de Mérignac (Gironde) – Vieille Eglise Saint-Vincent – 6 avril – 17 juin 2018

 

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Depuis 1997, l'Atelier de la Photo, devenu en 2003 la Maison de la Photographie, présente à Lille le meilleur de la Photographie internationale, tout en soutenant la création régionale et la pratique amateur.