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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
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Historique

La Maison de la Photographie ou l’Office Général du Papier

Mémoire réalisé par Gaëlle Cardon
Etudiante à Lille3 en 2e année de master professionnel « Monde du travail, mémoire et patrimoine »
Ce dossier à été réalisé pour un cours sur le patrimoine industriel dans le Nord-Pas-de-Calais

L’Atelier de la Photo est une association selon la loi de 1901; elle relève donc du droit privé, ce qui implique qu’elle n’est pas obligée de déposer ses archives dans un service public. Fondée en 1997, elle se fixe pour mission de promouvoir les activités liées à la photographie, que ce soit à l’échelle locale comme à l’occasion d’échanges internationaux. Temps fort des travaux de l’association, le festival annuel des Transphotographiques accueille une succession d’expositions, de rencontres et de stages pratiques pendant les mois de printemps et d’été, qui rencontre un franc succès.

En parallèle, l’Atelier de la Photo a souhaité entretenir une réflexion et organiser des événements tout au long de l’année. En 2003, il se dote d’un espace d’exposition permanent : la Maison de la Photographie. Il s’agit d’une ancienne usine à papier réhabilitée, construite aux numéros 18 et 20 de la rue Frémy, dans le quartier lillois de Fives. Ce bâtiment n’a pas fait l’objet de recherches soutenues, et son histoire est assez peu connue. Le quartier populaire dans lequel il se trouve a été durement touché par la désindustrialisation. Or, si la fermeture de grosses structures, telle l’usine géante Fives-Cail-Babcock, a suscité de vives émotions, et le besoin de conserver la mémoire de ces lieux, les sites plus modestes n’ont pas forcement bénéficié de cette même prise de conscience.

Il a toutefois été possible d’obtenir quelques informations sur les premières années d’existence de l’usine, grâce à l’annuaire local Ravet-Anceau, qui contient à la fois les adresses et les professions des personnes, mais aussi un répertoire des activités et une brève description des rues mentionnées. Il signale l’existence d’un Office Général du Papier, rue Frémy, depuis 1933 et jusqu’en 1973. Avant, cet emplacement est occupé par un blanchisseur et un ouvrier des chemins de fer. La rue dont il est question est une « rue particulière, ouverte en 1857 par Philibert-Joseph Frémy ». Elle se trouve à proximité du chemin de fer.

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Historique

Il semble que la construction d’entrepôts de papiers dans la rue Frémy ait été lancée en 1933 par Emile Merveille et M. Degroote, gérants de l’Office Général du Papier (SARL), et déjà propriétaires de bureaux et de locaux de stockage dans le quartier de Fives, rue Pierre Legrand. Jusqu’en 1937, un blanchisseur continue de résider sur place ; l’extension desentrepôts au numéro 20 de la rue Frémy a sans doute été exécutée ultérieurement.
Durant la période 1931-1937, les activités de l’Office Général du Papier concernent à la fois l’acquisition par achat de papiers, d’archives privées, et de leur destruction, mais aussi leur recyclage, et a la vente des produits qui en sont issus. Il réalise du papier destiné au secteur de l’alimentation (nappes en papier, emballage pour l’étalage et la confiserie), ainsi que des articles de papeterie (blocs-notes, rangements).

En 1937, les locaux de la rue Frémy changent de propriétaires et deviennent les établissements A. Ledru et Cie.Lille compte alors trois ou quatre établissements dont l’activité repose sur traitement des « vieux papiers ». L’Office ne s’intéresse plus alors qu’à la destruction de ces documents et semble avoir abandonné la production de papiers spéciaux. Sans doute l’affaire était-elle moins florissante, car les annonces publiées dans l’annuaire Ravet-Anceau sont nettement plus petites que celles émises, plus tôt, par Merveille et Degroote.

L’entrepôt fonctionne toujours en 1939, lorsque s’engage la Seconde Guerre Mondiale. A la fin des combats, soit entre 1947 et 1949 , J. Plantade, négociant en « vieux papiers » qui résidait au numéro 22 de la rue Frémy, prend la succession de Ledru et Cie. Il reste gérant des lieux jusqu’en 1960. L’activité semble toutefois connaître des difficultés dans la seconde moitié des années cinquante et jusqu’en 1957 : l’encadré publicitaire de l’entreprise disparaît de l’annuaire Ravet-Anceau en 1955 puis, l’année suivante le même ouvrage indique qu’il n’y a plus rien aux numéros 18 et 20 de la rue Frémy.

Dernier propriétaire de l’entreprise en activité, Jean Delmotte exerce les même fonctions que son prédécesseur jusqu’en 1973.

Lorsque l’Office Général du Papier cesse de fonctionner, ses locaux sont repris par un ferrailleur, André-Maurice Nefroot. Celui-ci ne touche ni au bâtiment, ni à ce qui se trouve dedans. Avec le temps, l’ensemble se dégrade peu à peu.

En 1989, la Communauté urbaine de Lille (CUDL) exercer son droit de préhension sur l’ancienne usine pour le compte de la mairie de Lille, qui souhaite la réaménager. La Ville s’engage alors à racheter le bâtiment à son prix de revient. Les conditions de cette rétrocession sont fixées dans une convention jointe à la délibération du Conseil de Communauté. Les propriétaires des locaux sont dédommagés en fonction d’une estimation des services fiscaux. Photographies tirées de la délibération n° 128 du 10 juillet 1989 adoptée par le Conseil de la Communauté urbaine de Lille.

Quatre ans plus tard, le 18 octobre 1993, la mairie de Lille dépose une demande de permis de démolir portant sur les dépendances de l’usine, c’est-à-dire sur les entrepôts commerciaux. Ceux-ci, restés à l’abandon, sont désormais beaucoup trop dangereux pour être conservés. Deux photographies jointes au permis de démolir, montrent l’importance des dégradations : le toit ainsi que certains murs ont commencé à s’effondrer.

Par mesure de sécurité, les ouvertures du bâtiment encore debout sont murées. Cela ne suffit cependant pas à empêcher les intrusions : l’usine, qui reste inutilisée pendant quinze ans, devient un « squat ». Du gravier est étalé à l’emplacement des entrepôts détruits.

En 1997, Olivier Spillebout, qui habite la rue Frémy depuis quelques années, décide d’emménager dans la vieille usine. Il y retrouve quelques traces des activités passées : de la ferraille et des bandes de papier passé à la déchiqueteuse.

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