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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France

Exposition du 25 septembre au 19 décembre 2021
dans le cadre des Transphotographiques dans la Galerie des Tanneurs, Lille

 

Né en Chine dans les années 1980, où la politique de l’enfant unique était la plus stricte, Tian Jin a consacré son travail documentaire aux enfants abandonnés par leurs parents dans les gares ou les hôpitaux. Comparés par le photographe à des herbes folles qui poussent sans soutien et dans des conditions d’extrême précarité, ces enfants fragiles retrouvent à travers son regard une présence. Sillonnant les orphelinats, les léproseries et les villages désolés de la Chine profonde, Tian Jin met en lumière ces âmes oubliées.

 

Les herbes folles

Je viens d’une petite ville au sud de la Chine dans le courant des années 80, période durant laquelle la politique de l’enfant unique fut la plus stricte. Il était courant d’entendre résonner les hurlements des nouveaux-nés abandonnés aux entrées des gares et des hôpitaux. Un après-midi, lorsque j’étais enfant, mon père m’emmena à l’hôpital à cause d’une forte fièvre. Les couloirs empestaient le désinfectant. Non loin de moi, j’aperçus posé sur une chaise un nourrisson mort enveloppé d’un tissu en lambeaux. Les yeux clos, la bouche entrouverte, des mouches voletaient au dessus de son visage sombre et violacé, tourné vers le ciel. Son expression fantomatique a longtemps hanté mes nuits. Lors de mon voyage reliant Chongqing au Yunnan au cours de l’été 2013, j’ai rencontré beaucoup d’enfants laissés à l’arrière. Ceux-ci m’emmenaient explorer les endroits sauvages et les zones désaffectées. La vitalité de ces enfants chétifs mais tenaces, à l’image des herbes folles, m’avait beaucoup touché. Pourtant, leur existence semblait être insignifiante aux yeux du monde et j’eus, au fond de moi, le sentiment que leur destin était déjà tracé.

 

La malédiction emportée par le vent

La lèpre, une maladie infectieuse redoutable, était difficile à guérir avant la découverte d’un remède, la dapsone, synthétisé en 1908. Cette infection peut entraîner des ulcérations cutanées et des lésions, une paralysie et même la mort. Dans la Chine ancienne, les patients atteints de lèpre étaient appelés malédiction emportée par le vent et leur malheur était considéré comme le châtiment de Dieu. Être chassé ou tué était leur destin. En 1956, le nombre de malades atteints de lèpre dépassait un demi million, d’après une enquête complète réalisée par le ministère de la santé chinois. Considérés alors comme extrêmement contagieux et sans espoir de guérison, le gouvernement a organisé la mise en quarantaine des patients lépreux. Des installations d’isolement pour les patients atteints de lèpre ont été construites sur les îles désertes et dans les montagnes abandonnées. Au début des années 1980, la dapsone a été introduite en Chine, ce qui a permis de guérir la lèpre. Les malades pouvaient alors choisir de quitter leurs villages une fois guéris. Cependant, la plupart d’entre eux ne les ont jamais quittés.

 

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Exposition réalisée en partenariat avec Photographie.com

 

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