Après Henri Cartier-Bresson, William Klein ou encore Raphael Gibson, Martin Parr a répondu favorablement à l’appel de la Maison de la photographie à Paris qui, depuis des années, invite des artistes à donner leur vision de la capitale. Après y avoir été présentés au printemps dernier, une soixantaine de clichés du Britannique sont exposés à la Maison de la photo, à Lille, jusqu’à fin décembre. Savoureux !
Parr s’est attaqué aux clichés parisiens, a saisi les incontournables (Notre-Dame de Paris, les Champs-Élysées, le Salon de l’agriculture…). Sauf que dans l’objectif de celui qui n’épargne rien à son sujet, on est très loin de la carte postale. La tour Eiffel est tout juste bonne à s’afficher en porte-clefs à la taille d’un vendeur à la sauvette. Les défilés de mode, pince-fesses dans l’œil d’un pince-sans-rire ? Ça donne une tripotée de vieilles peaux et, en coulisses, un mannequin tiré à quatre épingles qui bâille à s’en décrocher la mâchoire, les bras ballants. Du Louvre, on ne verra qu’une forêt de téléphones portables (la proximité de La Joconde sans doute). Un short, une paire de Crocs et un ventre bedonnant étalé de tout son long sur les quais de Seine nous signifient la « douceur » de Paris-Plage…
Pas un mot, pas une date, pas un lieu pour accompagner ces photos prises de 2012 à 2014 : Parr suggère, s’amuse avec le spectateur, imposant le plus souvent une lecture en deux voire trois temps. Et si l’on peut se lasser de l’accumulation de clichés dénonçant l’omniprésence des écrans dans notre société, on se délecte de ce Paris arpenté avec ironie et sans concession, à condition de savoir faire preuve d’autodérision…