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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Vasantha Yogananthan : Piémanson

Exposition du 26 mars au 27 avril 2013

 

La saison d’été n’a pas encore commencé, mais, déjà, les caravanes, les camping-cars, les voitures et leurs remorques roulent au pas sur la route qui mène à la plage de Piémanson. Ici, le 30 avril au soir, les estivants attendent fébrilement le départ d’une course singulière : à minuit, la plage sera ouverte à tous par les autorités.

Cela fait 27 ans que Michel tire ses caravanes depuis Manosque jusqu’ici. « Je connais cette plage grain par grain », dit-il. Il fait partie de ces habitués que l’on surnomme les « doyens de la plage ». Au petit jour, ils commencent la construction des campements, calent les caravanes, délimitent les emplacements. Le 1er mai à Piémanson, la fête du travail n’est jamais chômée.

Cette plage, dit-on, est la dernière grève sauvage d’Europe. Au coeur du Parc naturel régional de Camargue, elle s’étend sur 25 kilomètres jusqu’à l’embouchure du Rhône. Son histoire a commencé dans les années 1970, avec la création de la route reliant la plage au village de Salins-de-Giraud. Pêcheurs, campeurs, caravaniers, investirent les plages sans droit ni titre. Depuis, Piémanson demeure la dernière zone non réglementée de cette partie de la côte. Sa population estivale varie de quelques centaines d’habitants en mai, à près de 8000 personnes en août. Pour l’instant, les pouvoirs publics tolèrent ce rassemblement, bien qu’il soit en infraction avec la loi «littoral» qui limite le bivouac à une nuit seulement.

En juillet, les campeurs viennent de toute l’Europe. Arrivé d’Allemagne, Wolfang campe depuis des années dans le camping-car qu’il a construit de ses mains. Il est catégorique : « Dans mon pays, il n’y a plus d’espace de liberté comme celui-là. » De l’autre côté de la piste, un groupe de familles originaires de la région s’est spécialisé dans la construction de cabanes de fortune qui servent d’annexe aux caravanes. Serge, Schol, Eric, Marc, Kéké, Moni, Jean-Claude et Laurent rivalisent d’ingéniosité : canapé en skaï, sono et guirlande branchées sur une batterie pour décorer un bar, douche solaire, toilettes sèches : leur imagination ne connaît pas de limites. A Piémanson, sans eau courante, ni électricité, sans tout à l’égout ni commodités, le bricolage fait partie intégrante de la vie quotidienne.
A la fin de l’été, en septembre, il ne reste plus rien de ce petit monde éphémère. Les campeurs sont partis sans laisser de traces. Sans savoir non plus si, l’année prochaine, ils pourront réinventer leur parenthèse enchantée sur ce bout du monde que les faiseurs de loi ont le bon goût d’oublier.

Vasantha Yogananthan

Né en 1985, Vasantha Yogananthan vit et travaille à Paris. De 2009 à 2011, il mène une enquête photographique sur les représentations de la guerre par la diaspora tamoule en Île-de-France. De 2010 à 2012, il réalise un travail sur la dernière plage sauvage de France. De ces moments partagés avec les habitants de Piémanson est née la série Piémanson, qui tend à mettre les relations humaines au centre de son sujet. Entre portrait d’un lieu et portrait de ses habitants, son travail se situe volontairement hors de la tradition du reportage.

 

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Exposition réalisée en partenariat avec Photographie.com

 

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