Régionales : Xavier Bertrand “flashé” sur sa politique culturelle
La culture est toujours un champ de bataille. Et les thèmes culturels concernent autant la gauche que la droite. Les régionales donnent l’occasion aux critiques de s’exprimer. Et les candidats rivalisent de propositions.
Le président sortant divers droite, Xavier Bertrand a fait de la politique culturelle un des fers de lance de son mandat. Doublement du budget consacré à la culture de 70 millions d’euros à 119 millions, lancement d’un grand institut pour la photographie en liaison avec la Ville de Lille (notre enquête), larges subventions aux événements (Lille 3000, nos révélations,…), accompagnement de certaines structures culturelles,…le terrain est patiemment labouré par un président de conseil régional qui a pris à-bras-le-corps les dossiers des arts et des spectacles. La délégation à la culture est ainsi assumée par lui-même quand le VP dédié François Decoster avait rejoint un cabinet ministériel des gouvernements Philippe puis Castex. Une gageure pour un profil divers droite issu d’un camp qui négligeait habituellement un thème monopolisé par la gauche. Pour autant, certaines voix discordantes se font entendre.
L’association 100 photographes dénonce le manque de concertation et l’inquiétude qui pèse sur leur profession. Né en 2018, le collectif cingle Xavier Bertrand : “les grandes déclarations du président étaient louables et alléchantes…plusieurs rendez-vous avec le conseil régional maitre d’oeuvre de l’Institut (NDLR : pour la photographie) restent finalement infructueux et stériles..”. Bref, les photographes régionaux s’estiment frustrés et dénoncent un projet “élitiste” qui réduit le photographie régionale à “portion congrue”. Pour faire taire les critiques, Xavier Bertrand songe à répliquer avec un musée de la bande dessinée à Amiens, imaginé en Angoulême-bis et son fameux festival.
Du côté du collectif régional arts et culture, qui rassemble plus de 400 membres, les appréciations sont en demi-teinte. Une grande réunion de concertation avait eu lieu à Douai en 2017. Le CRAC, qui se pose en interlocuteur des collectivités et des pouvoirs locaux, avait proposé la création d’un fonds de secours, une idée d’ailleurs reprise par le conseil régional des Hauts-de-France, mais plusieurs aspects du mandat qui s’achève soulève les remarques. Ainsi les 4 millions de Lille 3000 alors que la chambre régionale des comptes avait pointé l’excédent de trésorerie, les 12 millions d’euros de SerieMania au détriment des festivals d’Amiens, de Valenciennes ou d’Arras moins bien dotés.
Et, bien sûr, les 6 millions d’euros pour ce fameux institut pour la photographie, deux projets perçus comme “présidentiel”, c’est-à-dire l’oeuvre de Xavier Bertrand, axé sur l’impact des événements au détriment de l’apport aux populations et aux acteurs culturels et de l’équité territoriale. Le “lillocentrisme” est montré du doigt malgré l’argument de la mise en réseau avancé par la majorité du conseil régional. Ces derniers jours, le CRAC a reçu plusieurs listes, celles de la gauche de Karima Delli, de la majorité présidentielle de Laurent Piétraszewski et celle de Xavier Bertrand. Certains pans de la culture régionale semblent délaissés : les carnavals, les harmonies,…” Nous sommes un aiguillon, nous pointons là où le bât blesse”, dit-on au CRAC qui lutte contre la précarité qui frappe les acteurs de la culture. Lever de rideau dimanche soir.