Ouvrir une saison avec Peter Lindbergh, il y a plus mauvaise fréquentation. En invitant, ce début d’automne, le photographe des stars et des top models, sommité en ses territoires, la Maison de la photo de Lille crée un bel événement.
Il est arrivé avec un peu de retard, du beau monde arpentant déjà la Maison de la photo – une maison transformée, désormais terminée souligne Olivier Spillebout : où les vastes espaces réaménagés lounge et cosy offrent le recul nécessaire pour apprécier les œuvres exposées. Plus d’une heure durant, ce jeudi soir, Peter Lindbergh s’est prêté avec gentillesse, bonhomie et humour aux sollicitations inhérentes à un vernissage dans les plus belles définitions. On n’accueille pas tous les jours un artiste qui, depuis près de quarante ans, photographie les stars de la mode et du cinéma, orchestrant depuis ses objectifs des campagnes de publicité qui ont fait le tour du monde ; un homme qui est autant chez lui dans les grands musées de Londres, Paris, New York ou Tokyo que sur les unes de Vanity Fair, Vogue, Elle ou Marie-Claire.
Les photos présentées à Lille viennent en partie d’une exposition présentée à Berlin il y a quelques années. En grande majorité, des clichés noir et blanc, marque de la fabrique Peter Lindbergh. Des portraits, fascinants – Jeanne Moreau, Julianne Moore, Pina Bausch, Mélanie Thierry –, des vues urbaines, Berlin, ville chère à son cœur, le sens du détail, la fièvre d’un regard. « On ne photographie pas un modèle mais une ambiance, la relation qu’on a pu établir avec lui, explique Peter Lindbergh. Deux personnages dans un même lieu donneront des photos bien différentes, je l’ai mille fois constaté. » Voila donc l’une des clés pour saisir l’univers de Peter Lindbergh, une autre étant cette prudence, cette réticence aux retouches. « À trop refaire, on finit par trafiquer, tout est trop tordu, trop parfait, on perd l’authenticité. » On conçoit qu’avec cette profession de foi, confortée par une maîtrise hors pair de la technique – fidélité au Nikon –, Peter Lindbergh a su capter la confiance des modèles les plus sollicités, les plus glamours. Nombre de ses photos sont célèbres dans le monde entier, on en retrouve quelques-unes dans la présente exposition. L’affaire semble en tout cas toujours l’amuser. Il y a dix ans tout juste, Peter Lindbergh avait répondu à une invitation des Transphotographiques (festival aujourd’hui disparu). Souhaitons qu’il ne nous faudra pas attendre à nouveau dix ans pour le retrouver.