Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Voix du Nord : La Main de l’homme de Salgado

Transphotographiques, Jusqu’au 15 juin à l’église Saint-Maurice

La Main de l’homme de Salgado

C’est vraisemblablement l’un des plus beaux succès des Transphotographiques 2004. La Main de l’homme, exposition de photographies de Sebastiao Salgado, attire en l’église Saint Maurice de Lille une foule nombreuse, composée tant de connaisseurs et d’amateurs de photographie, que de curieux ou autres touristes. Mais quel que soit le profil du spectateur, tous se retrouvent dans le plaisir d’admirer les somptueuses prises de vue de ce maître de la photo, d’origine brésilienne. Un photographe de renommée mondiale, récompensé par une multitude de prix pour ses travaux, qui placent toujours l’homme au coeur, sa souffrance et sa dignité mises à nue avec une pudeur et un talent éclatants.

Le spectateur sous le choc

Il y a, tout d’abord, ces paysages d’apocalypse au Koweit, en 1991, juste après la guerre du Golfe, et les puits sauvages (jaillissements incontrôlés de pétrole après la guerre), dont Salgado dit y avoir vu « le symbole noir de l’humanité ». Ces visages d’ouvriers harassés, ce pasteur et ces moutons noircis par les fumées denses, ces cadavres de chameaux dans un paysage de flammes immenses : le spectateur est déjà sous le choc, l’émotion gagne, l’atmosphère se fait plus pesante, mais le plaisir de la contemplation est omniprésent. Et que dire de ces clichés des travailleurs de la mine d’or de la Serra Pelade, au Brésil, les corps enduits de boue visqueuse, courbés sous l’effort inhumain tout comme les porteurs de soufre du volcan Kawah Idjen, en Indonésie, à la pointe de l’île de Java : une ascension de douze kilomètres dans une nature inhospitalière, des émanations toxiques, des sacs de soixante-quinze kilos à transporter pour une somme d’argent indécente. Insupportables situations s’il en est.

Un regard si humain

Difficile de rester insensible à l’oeuvre de Salgado, son regard attentif et son humanisme interrogateur. Le cadre choisi de l’église Saint Maurice n’y est peut-être pas pour rien. Il faut noter, au pas-sage, cette intrusion inhabituelle d’une manifestation culturelle, dans un lieu se prêtant plutôt à des activités cultuelles. Mais les valeurs humanistes diffusées dans chaque photographie de l’artiste ne sont, certes, pas incompatibles avec les valeurs chrétiennes. Il faut également saluer l’organisation des Transphotographiques, qui donne à voir au public lillois, une exposition qui ne s’oublie pas. Contempler ces paysages irréels, ces corps voûtés, ces visages noircis, ces regards si pro-fonds, si expressifs, constitue un moment particulier pour le spectateur, un moment d’émotion qui porte à la réflexion. La Main de l’homme, le flair des transphotographiques, l’oeil d’un grand artiste. Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, c’est jusqu’au 15 juin.

B. G. Voix du Nord du 8 juin 2004

La Main de l’homme (Sebastiao Salgado), église Saint-Maurice, parvis Saint-Maurice à Lille. Lundi de 13 h à 18 h ; du mardi au samedi 10 h à 12 h et 13 h à 18 h ; dimanche 15 h à 18 h 30. www.transphotographi-ques.com

Le photographe brésilien a su captiver l’attention du public, à travers ses clichés des quatre coins du globe.
Written by

Depuis 1997, l'Atelier de la Photo, devenu en 2003 la Maison de la Photographie, présente à Lille le meilleur de la Photographie internationale, tout en soutenant la création régionale et la pratique amateur.