L’association fivoise, en sursis depuis l’annulation de sa subvention municipale début 2018, annonce fermer ses portes au public, dans l’attente des décisions des financeurs publics dans les prochaines semaines.
« Cette Maison de la photo doit vivre ! » L’appel de Yann Arthus-Bertrand n’a pas été entendu. Le photographe-star avait formulé ce vœu fin octobre, lors du vernissage de « La Terre vue du ciel », à Fives. L’exposition a été le grand succès de la fin d’année pour la structure fivoise. Cela n’aura pas suffi. Au sortir d’un autre accrochage très remarqué, « 30 under 30 », consacré aux travaux de jeunes photographes femmes, la Maison de la photographie a annoncé, par la voix de son directeur Olivier Spillebout, sa mise en pause pour plusieurs semaines. Au moins.
« Limites de l’acceptable »
« L’engagement de l’équipe restante et des bénévoles est arrivé aux limites de l’acceptable », écrit la structure dans un communiqué. Le programme annuel de la Maison de la photo, ainsi que le festival Les Transphotographiques 2019, sont maintenant suspendus aux décisions des pouvoirs publics, en début d’année.
L’issue ne surprendra guère ceux qui suivent, depuis un an, le feuilleton opposant l’association à ses financeurs publics. Et au premier chef, la mairie. En janvier 2018, Martine Aubry et sa majorité avaient annulé la subvention annuelle de 130 000€ de la Maison de la photo, sa principale source de financement. La municipalité avait justifié son choix par la « fragilité » de la structure, refusant de renflouer un budget « déficitaire ». En réalité, si la Maison restait fortement endettée, ses comptes montraient à l’époque une trajectoire de redressement.
Sur le fil
Le sort de la Maison de la photo, depuis, ne tenait qu’à un fil. D’autant que le lieu d’exposition a échoué à ramener autour de la table d’autres soutiens publics, comme le Département ou la Région. Au contraire, le ton n’aura cessé de monter tout au long de 2018 entre le directeur Olivier Spillebout et le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, le premier accusant le second de favoriser son projet d’Institut de la photographie au détriment d’une structure existante. À quoi Bertrand avait répondu en refusant de se laisser entraîner dans le « marigot politicard lillois ».
Difficile, en effet, d’évacuer le contexte politique très lourd du dossier. Non seulement Olivier Spillebout s’est-il rallié à la République en Marche, mais sa compagne, Violette Spillebout, une ancienne très proche collaboratrice de Martine Aubry, est-elle depuis peu candidate à l’investiture macroniste pour les municipales de 2020. Pas la manière la plus sereine d’aborder la rencontre, déterminante, prévue entre l’association et la mairie, ces prochains jours à l’hôtel de ville.
Article de Sébastien Berges, Voix du Nord 06 janvier 2019