L’Arlésienne de Lille
C’était l’un des grands projets culturels de Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France. Accompagné par les Rencontres d’Arles, l’Institut pour la photographie avait pour mission de contribuer au rayonnement et à la préservation du médium sur le territoire.
Un chantier ambitieux vu d’un mauvais œil par le tissu photographique local, car décidé sans concertation satisfaisante avec les structures existantes, dont certaines luttent depuis des années pour promouvoir cet art dans des conditions de survie précaires, comme la Maison de la photographie de Lille, qui a finalement mis la clé sous la porte en septembre 2020.
L’Institut pour la photographie s’est vu, lui, doté de soutiens prestigieux et de subventions très généreuses, et attribuer une localisation idéale au sein d’un magnifique hôtel particulier situé dans le centre du vieux Lille.
Des travaux sont programmés en vue d’une ouverture en 2023. Le calendrier est ensuite bousculé par la crise sanitaire. Un premier cycle d’expositions est présenté dans les locaux non finalisés, puis l’Institut ferme ses portes en décembre dernier pour commencer le chantier au budget considérable de 12 millions d’euros.
Mais voilà, dix mois plus tard, les travaux n’ont toujours pas démarré ! Contacté par téléphone en vue de faire un point sur la situation, le cabinet d’architectes parisiens Berger&Berger chargé du projet a tout d’abord accepté notre entretien avant de revenir sur sa décision, préférant déléguer la communication à la direction du patrimoine immobilier de la Région, qui a refusé de répondre à nos questions. Celles-ci seraient entre les mains du service de la communication, mais nul retour malgré nos relances…
Nos confrères du DailyNord font état d’un problème de propriété : le site s’étend sur trois numéros de la rue de Thionville ; si les 9 et 11 ont été cédés à la Région par la métropole européenne de Lille pour un euro symbolique, contre réhabilitation, le numéro 7, quant à lui, appartient toujours à l’intercommunalité lilloise.
Autre épine, le projet architectural initial semble de plus en plus éloigné des ambitions de l’Institut.
En décembre dernier, le budget global voté par la Région avoisinait les 25 millions d’euros, couvrant les investissements et les frais de fonctionnement pour trois cycles d’expositions, mais surtout des travaux dont le premier coup de pioche se fait languir…
On espère que le public pourra un jour en voir les fruits!
Ericka Weidmann
98 Réponses PHOTO • n•354 novembre 2022
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