« La Bourse du talent » à la Maison de la photo, un oeil grand ouvert sur le monde
Ils sont une dizaine de photographes, exposés au rez-de-chaussée de la MP. De Chine, d’Écosse, d’Ukraine, de Grozny ou de Montpellier, ils ont rapporté des images qui rendent toutes les vibrations du monde contemporain.
Catherine Painset, La Voix du Nord, Publié le 03/07/2017
Il y a bien un parasol reproduit sur les murs, mais il ne faut pas s’y tromper : les expositions estivales à la Maison de la photographie ne nous promettent pas de découvrir des destinations exotiques, mers turquoise ou plages de sable fin. Comme souvent dans la photographie contemporaine, il s’agit d’ouvrir les yeux sur une réalité du monde contrastée, parfois souriante, parfois touchante, parfois tragique. L’espace du rez-de-chaussée est investi par la Bourse du talent, millésime 2016, concours né il y a dix-huit ans. « L’âge de la majorité, un prix qui devient majeur avance Didier de Fais (du site http://photographie.com/), l’un de ses fondateurs. Devient-il sérieux ?Je ne le souhaite pas, la photo doit toujours nous interroger, et raconter des histoires. » Et puisque celles-ci ont disparu peu à peu des pages des magazines, la Bourse du talent donne à des photographes émergents, talentueux et audacieux, « des gens atypiques », la chance d’exposer (ici à Lille, mais aussi à Milan, en Chine, au site Tolbiac de la BNF à Paris…) et, pour la première fois cette année d’être réunis dans un beau livre paru aux éditions Delpire, Identités à venir.
La Bourse du talent donne à des photographes émergents, talentueux et audacieux, « des gens atypiques », la chance d’exposer
Au fil de l’exposition, qui nous emmène jusqu’en Ukraine ou en Écosse, on remarque particulièrement trois séries. « Révéler l’étoffe », de la Franco-Algérienne Maya-Inès Touam (mention spéciale du jury), explore le rapport des femmes avec ce bout de tissu qui leur couvre — ou pas — la tête. Chacune pose et s’exprime librement ; leur attitude et leurs paroles sont vivifiantes. Vincent Gourion (lauréat portrait) est allé à la rencontre des nouveaux contours « Des famille(s) », abordant ce qui souvent est tu, caché, l’homosexualité, la gémellité, la réassignation sexuelle, la fusion des rôles paternel et maternel. Enfin, à la cité Gély de Montpellier, Sandra Mehl (lauréate reportage) a accompagné deux soeurs, Ilona et Maddelena, dans leur quotidien. Défavorisé oui, mais aussi réconfortant, tendre, coloré. La photographe a emmené les gamines voir la mer pour la première fois. Maddelena n’avait jamais planté de parasol.
Jusqu’au 27 août (y compris le 14 juillet), du mardi au samedi de 10 h à 18 h, à la Maison de la photographie, 28, rue Pierre-Legrand à Lille (métro Fives). Tél. 03 20 05 29 29. http://maisonphoto.com