Plein cap sur l’Amérique avec les Transphotographiques ! Sobrement intitulée « These Americans », cette nouvelle édition se veut le reflet d’une confrontation de regards entre 50 photographes, sur le monde. Coup d’envoi samedi au Tripostal avec Capa in Color, une exposition-hommage au célèbre reporter.
Des photos de Capa, on pensait tout savoir : des portraits de Trotsky (ceux-là mêmes qui l’ont fait connaître au début des années 30) à la guerre d’Indochine, en passant par le tristement célèbre débarquement de Normandie… Centaines de souvenirs teintés de noir et de blanc, jetés sur papier glacé, témoins d’une époque parfois pas si lointaine. Mais rares sont ceux qui connaissent l’affection de Capa – de son vrai nom Endre Friedmann – pour les pellicules Kodachrome, véritable révolution dans le domaine de la photographie, et qu’il emportait toujours avec lui dans un second appareil photo. Autant de clichés restés dans l’ombre pendant des années et que l’International Center of Photography de New York propose aujourd’hui de redécouvrir au Tripostal, à Lille, à l’occasion des Transphotographiques.
Scènes de vie colorées
Et quel bonheur ! On sourit devant le portrait de cette famille norvégienne dont les cheveux ont été recouverts de bonnets multicolores. On frémit face au regard décidé des marins de la Royal Navy, têtes casquées sous le ciel bleu de l’Atlantique. On s’évade, aussi, en observant la complicité d’Hemingway avec son fils, entre deux dunes de sable beige. Cynthia Young, conservatrice des archives Robert Capa, parle ainsi d’un travail qui s’est « accommodé après-guerre d’une nouvelle sensibilité, réadaptant ses compositions à la couleur mais aussi à un public qui aspirait au divertissement ». Présente samedi lors du vernissage de l’exposition, la commissaire n’a pu s’empêcher de s’arrêter, elle aussi, devant ces clichés qu’elle connaît pourtant par cœur.
Au total, plus d’une centaine de photographies en couleur viennent rhabiller les murs du Tripostal dans un ultime hommage au cofondateur de l’agence Magnum, en plus de deux films-témoignages diffusés en continu sur écran. De quoi réchauffer un peu les lieux, rendus un tantinet austères par une lumière légèrement blafarde. Contraste saisissant avec les clichés pleins de vie de Capa. Autre regret : les verres d’encadrement qui auraient (vraiment) gagné à être anti-reflets.