Dopée par sa frangine parisienne, la Maison de la photo prend un nouveau départ
Longtemps, elle a vécu dans l’ombre des Transphotos. La Maison de la photo, à Fives, pouvait-elle survivre au célèbre festival lillois ? Mieux. Elle prend un nouveau départ. Désormais lié à la Maison européenne de la photographie (MEP) de Paris, l’équipement fivois va proposer, deux fois par an, des expos majeures. L’Américain William Klein ouvre le bal, le 13 avril. Explications d’Olivier Spillebout, directeur heureux d une Maison de la photo 2.0.
► La MEP Lille, ça sert à quoi ?
« C’est de la décentralisation culturelle. On est dans l’esprit du Louvre-Lens, de Beaubourg à Metz, qui montrent qu’on peut faire venir des institutions parisiennes. Tout le monde ne va pas à Paris voir des expos. Les grands équipements nationaux comme la Maison européenne de la photographie (qui est un « musée » de la ville de Paris) ont vocation à diffuser le plus large-ment possible. L’avantage, pour nous, est de pouvoir proposer, au moins deux fois par an, des expositions d’envergure nationale, dont le coût de production est assuré aux trois quarts par la MEP. Et on reste gratuit. »
► Comment s’est noué ce partenariat ?
« On officialise en fait des liens anciens avec la Maison européenne de la photographie et son directeur. Jean-Luc Monterosso fut commissaire des Transphotographiques en 2004. Il y a des années que l’on parlait de se rapprocher, mais ça se concrétisait plutôt par des expos temporaires. Et puis, en fin d’année dernière, j’ai parlé avec lui de la pause du festival, et on a jugé que c’était le bon moment. »
► Justement, la MEP, c’est une façon de rebondir après la fin des Transphotographiques ?
« C’est un autre projet. Et les Transphotographiques ne sont pas finies. J’ai hâte que ça recommence ! Ce que l’on a acté, avec nos financeurs, c’est la fin d’un cycle, la fin de la reconduction systématique de cet événement. Mais j’ai des idées pour la suite. Comme revenir en biennale ou en triennale, en se resserrant sur deux trois lieux — Tri postal, Maison de la photo, palais Rameau —, et organiser quelque chose de plus large, à l’échelle du territoire, tous les cinq ans. Ça ne se fera pas cette année, c’est certain. Mais peut-être en 2013. »
► La photo passe pour le parent pauvre d’une métropole par ailleurs richement dotée en équipements culturels. Ne regrettez-vous pas de devoir en passer par un musée parisien, plutôt que de porter votre programmation propre ?
« Non. On sera la MEP Lille deux fois par an, mais on poursuit notre programmation en parallèle. À la fin de l’année, on fait par exemple une rétrospective (de l’artiste nordiste) Thomas Muselet. On va aménager le lieu pour pouvoir mener plusieurs expos à la fois, comme à la MEP. J’aimerais laisser la place à chacun, de la création régionale à l’internationale. Vous parlez de manque : je crois qu’on est en passe de le combler. »
► La Maison de la photo souffre d’un déficit de notoriété. Dernière-ment, les expos étaient rares.
« On était quand même sur un rythme de six expos par an. On est actuellement dans une phase de transition entre une Maison de la photographie qui « n’existait pas » et un vrai lieu de référence. Si la MEP s’engage à nos côtés, c’est que ce qu’on a fait est bien. Les quatre premières expos seront dédiées à William Klein, Charlotte Rampling, Helmut Newton et Martin Parr. Au vernissage de Klein, le 13 avril, il y aura Jean-Luc Monterosso, les élus lillois, mais aussi Christophe Gérard, l’adjoint à la culture de Paris. Tout cela est symbolique d’un nouveau départ. »
► Pour quelle ouverture sur le quartier ?
« On a toujours eu l’idée de tirer Fives vers le haut. En mai, on présentera le fruit d’ateliers photo menés avec des associations du quartier. Parfois, je suis découragé, mais je veux continuer à croire que Fives va bouger. Pour cela, il faut des gens moteurs, comme Gilberto (d’Annunzio, restaurateur italien) à Saint-Maurice-Pellevoisin. Et nous, on apporte notre pierre à l’édifice. »
« On va proposer, au moins deux fois par an, des expositions d’envergure nationale. »
Par SÉBASTIEN BERGES > lille@lavoixdunord.fr