Le Nord des années cinquante a posé pour Jean-Philippe Charbonnier
Photographe humaniste à l’instar de Willy Ronis ou de Robert Doisneau, Jean-Philippe Charbonnier reste un photographe méconnu. A l’occasion de leur 10° anniversaire, les Transphotographiques lui rendent un bel hommage en rassemblant, pour la première fois, à l’Hospice Comtesse, les clichés réalisés dans la région, dans les années cinquante, pour le magazine « Réalités ».
Un mineur lisant Liberté au coin du poêle pendant que madame lui sert une « goutte eud’jus ». Un autre partant travailler à vélo, saisi dans le viseur de Jean-Philippe Charbonnier en passant devant l’incontournable bistrot. Un gamin immortalisé cabas à la main, charentaises aux pieds, dans une rue pavée de Roubaix. Autant de scènes de vie que le photographe humaniste a capturées dans les années cinquante dans un Nord en pleine reconstruction.
Un Nord en noir et blanc sur lequel les Transphotos jettent un éclairage particulier en rassemblant les clichés du photographe parisien, reporter du magazine Réalités qui eut son heure de gloire dans les années cinquante à soixante-dix. La vie de famille. les enfants dans les courées, les jeux, le travail, les sorties dominicales, le café…, voilà ce qui intéresse notre homme. Le quotidien, qui se cache dans nombre de détails. « Son idée, c’est de réaliser un portrait de la société, de la famille, de la mine, sous l’angle de la vie quotidienne, de la religion, de la politique, de l’éducation des enfants, du rôle de la femme, etc. , confirme Gabriel Bauret, l’un des deux commissaires, avec Françoise Paviot, de cette 10° édition placée sous le thème des Nord(s). Ce sont les gens qui l’intéressent avant tout. »
Touchant témoignage
Photographie humaniste comme Robert Doisneau ou Willy Ronis, Jean-Philippe Charbonnier photographiait à hauteur d’homme. « Ses photos sont un témoignage chaleureux de cette vie dans les années cinquante, poursuit le commissaire. Ce n’est pas misérabiliste du tout. Les gens sont dignes. Heureux. » Comme le serait sans doute Jean-Philippe Charbonnier, disparu en 2004 à 83 ans, de voir rassemblés ses clichés réalisés dans le Nord. Inédit. « Quelques photos ont déjà été publiées par-ci par là, mais jamais elles n’avaient été réunies alors que c’est un sujet très senti qui a été important dans sa carrière. » Qui avait vu ensuite Charbonnier se muer en globe-trotter et aiguiser son oeil de reporter Chine. Moscou, Afrique équatoriale française, Inde, Brésil… Présenté dans un magnifique tirage moderne en noir et blanc, alternant formats carrées et rectangulaires. ce Nord vu par Charbon-nier reste un touchant témoignage de la région d’après-guerre, complété par quelques planches contact et pages de Réalités, ce qui permet de replacer dans son contexte le travail du reporter photographe.
« Ce sont les gens qui l’intéressent. Ce n’est pas misérabiliste du tout. Ils sont dignes. Heureux. »
Olivier Tartart
Voix du nord du 3 juin 2011