POLÉMIQUE
La Maison de la photo fermée : « Ces tristes décisions sont le fait d’une seule personne »
La semaine dernière, il annonçait la fermeture « temporaire » de la Maison de la photo, à Fives. Olivier Spillebout, qui dirige les Transphotographiques, est remonté contre Martine Aubry, dont « l’ogre Lille 3000 » écraserait tout sur son passage.
Selon vous, le maire est responsable de la fermeture de la Maison de la photo. Pourquoi ?
« On nous dit : « On soutient le festival mais pas la Maison. » Mais on ne peut les dissocier. Un événement ponctuel doit s’appuyer sur un lieu permanent, structurant, qui permet de garder une équipe de base. La mairie ne soutient pas la Maison de la photo, alors qu’elle débloque des millions à Saint-Sauveur (dans l’aménagement de deux halles). Qui peut contester l’utilité d’un lieu dédié à la photo ? Le maire peut-il venir nous dire que ce n’est pas opportun ? N’est-ce pas méprisant envers notre travail ? Ils se moquent qu’il y ait ce lieu à Fives, une formidable initiative pour le quartier. Quand c’est la mairie qui développe, ça coûte des millions. Là, ils ont la chance d’avoir quelque chose de créé à partir de rien, et il n’y a pas de reconnaissance. M’ Aubry n’est jamais venue à la Maison. »
Votre subvention, 200 000 €, est déjà coquette…
« Le budget du festival, en 2008, était de 500 000€. Un chiffre à comparer au coût d’une Maison folie. Le maire ne peut pas résumer le débat à « Vous voulez toujours plus ». Ce n’est pas à la hauteur d’un maire qui a de tels projets. « Des lieux d’expo dans tous les quartiers », dit le programme municipal. Apparemment, ce n’est possible que si c’est de l’initiative du maire, sinon, il ne faut pas espérer. Les Transphotographiques sont un enfant illégitime né en 2001. On ne le laisse pas aller cul nu, mais les plus beaux habits, c’est pour l’enfant naturel de Martine Aubry, Lille 2004. »
Les subventions à la hausse n’ont pas empêché cette crise. Avez-vous vu trop grand ?
Les Transphoto sont un enfant illégitime. Les plus beaux habits, c’est pour l’enfant naturel du maire. »
« Il y a toujours des jaloux. Si la ville veut préciser, je serai au rendez-vous. Dire « On augmente tou-jours les subventions », c’est se moquer du monde. Chaque euro accordé a été repris de l’autre côté. La ville n’apporte plus sa logistique, elle se désengage chaque année. Elle nous demande d’être autonomes. En 2008, sur 250 000 € de subventions municipales, on en a dépensé 25 000€ de gardiennage ! Un dixième pour des mecs en costume à l’entrée du Tri postal ! À l’hospice Comtesse, on nous a imposé de prendre un abonnement EDF le temps de l’expo. Symbolique. »
Après la Maison, les Transphotographiques sont-elles menacées ?
« Je tire la sonnette d’alarme. Nous subissons de plein fouet le transfert de subventions vers des événements nouveaux. Je rêve d’un maire saint Louis qui trouverait l’équilibre entre tous les projets. Depuis l’émergence de ,l’ogre Lille 3000, beaucoup ont peur de s’exprimer. Qu’après Lille 2004, le maire initie un projet fédérateur, j’adhère. Mais il ne faut pas que des projets, sur-budgétisés, en remplacent d’autres, sous-subventionnés, qui ont une légitimité. Ces tristes décisions sont le fait d’une seule personne. »
Le fait que votre épouse dirige le cabinet du maire ne complique-t-il pas la donne ?
« Depuis des années, on soupçonne les Transphoto d’exister parce que mon épouse est à la mairie. C’est faux. Ces galères avec la ville, c’est le contraire du favoritisme ! Si c’est ça, le problème, qu’on nous le dise. on en tirera les conséquences. »
ZOOM
• Surprise.- Le sentiment de Catherine Cullen, hier soir. «Je ne comprends pas », glisse l’adjointe à la culture. Soulignant que la subvention municipale est passée, entre 2007 et 2008, de 150 000 à 200 000 €, elle réfute l’idée d’un « désengagement » : « Nos équipes sont à fond derrière les Transphoto. À un moment, O. Spillebout a voulu en faire plus, et on n’avait plus les moyens humains de suivre, c’est tout. » L’élue s’étonne que l’association, « en difficulté financière que l’on espère temporaire », opte pour une « fuite en avant ». « Depuis qu’on le connaît, il demande plus de moyens. Il arrive, pour une
structure, d’avoir une année difficile. On réduit alors la voilure. » Quant à la voracité présumée de Lille 3000, elle la balaie d’un revers de main. « II y a de la place pour tout le monde. On a besoin du foisonnement associatif. Et les dépenses à Saint-Sauveur sont de l’investissement, pas du fonctionnement. » Seuls arguments fondés, selon elle : le choix de ne pas subventionner la Maison de la photo, « pour ne pas se disperser et se concentrer sur le festival », et la difficulté d’obtenir des salles durant Lille 3000. « Tous les trois ans, pendant trois-quatre mois, Lille 3000 a la priorité, oui. C’est totalement assumé. »
Par Sébastien Berges, Voix du Nord du 26 octobre 2008 / lilleMavoixdunord.fr