Maison de la photo les vérités du directeur
La semaine dernière, nous avons consacré un article à la fermeture temporaire de la Maison de la photographie. Le directeur, souffrant, n’avait pas pu s’expliquer. Pourtant, Olivier Spillebout a beaucoup de choses à dire. Pour lui, c’est une question de choix… politique.
La semaine dernière, alors que nous cherchions à comprendre pourquoi la Maison de la photographie se trouvait contrainte de fermer temporairement, les explications restaient confuses. Du côté de la structure associative de la rue Frémy, à Fives, on évoquait le désengagement d’un financeur, sans citer lequel. Du côté des collectivités, on s’étonnait : les subventions ont toujours été revues à la hausse… Il manquait l’éclairage du directeur de la Maison de la photo. Hospitalisé, Olivier Spillebout ne pouvait pas répondre à nos questions, c’est désormais chose faite. Premier élément : le directeur reconnaît que depuis plusieurs années, le festival des Transphotos est en déficit. « On fournit beaucoup plus que ce que coûte réellement un festival », affirme-t-il. Les finances ne suivent pas la montée en puissance de cet événement.
Pas de gabegie
« Le budget réel de l’édition 2008 sera d’un peu plus de 500 000 €, explique Olivier Spillebout. Ça peut paraître impressionnant, mais il faut le comparer à d’autres festivals. Celui de Perpignan, c’est 1,5 million d’euros, celui d’Arles 3,4 million. » Comment cet argent est-il dépensé ? Il n’y a pas de gabegie à en croire le directeur production, commandes aux artistes, assurances, travaux de peinture au Tri Postal, murs de cimaise, intermittents du spectacle, transport des oeuvres, communication… Des postes de dépense classiques pour un festival qui, depuis la fin des contrats aidés, ne fonctionne plus qu’avec quatre salariés à l’armée. Le désengagement des collectivités territoriales ? Du côté du conseil général, c’est clair : « C’est la dernière année qu’il nous verse 30 000 €. » Mais, selon Olivier Spillebout, il y a plus pernicieux : « Catherine Cullen (adjointe à la culture, ndlr) a beau jeu de dire que la subvention de la Ville augmente, mais elle se borne à retenir le chiffre en valeur absolue. » C’est -sur les à-côtés que la Maison de la photo serait perdante : « Il y a quelques années, le service culture montait toutes les expos, maintenant, c’est à nous de le faire. Ça peut paraître anecdotique, mais cette année, il a fallu ouvrir un abonnement EDF pour exposer dans l’hospice Comtesse. Autre exemple, la Ville nous oblige à dépenser 25 000 € pour le gardiennage du Tri Postal alors qu’avant elle s’en chargeait. En fait, quand elle nous verse 1 € de subvention supplémentaire, on a 1,50 € de frais en plus. »
Il interpelle Martine Aubry
Bref, Olivier Spillebout souhaite un vrai débat avec Martine Aubry sur sa politique culturelle. Son sentiment — et ce n’est pas le premier qui nous en fait part : la maire voudrait mettre le paquet sur Lille 3000, aux dépens d’événements dont elle n’est pas à l’initiative. Et de l’interpeller : « Les choix qui sont faits, par une seule personne ne sont pas les bons choix. »
Il est de notoriété publique qu’Olivier Spillebout est le mari de la directrice de cabinet de Martine Aubry. Manifestement, ça ne facilite pas la vie de son association et ça ne lui interdit pas non plus une certaine liberté de parole. «. Ça ne m’amuse pas de rentrer dans un combat, j’ai envie de faire du positif. » Il est en tout cas convaincu — et c’est plutôt normal — de l’utilité et du bien-fondé des Transphotos (95 000 visiteurs en 2008) et du travail à l’année de la Maison de la photo. Pour que la question soit tranchée, il faudrait un début de débat. •
YOUENN MARTIN > youenn.martin@nordeclair.fr