Voix du Nord : L’alchimie Lilloise sur les traces de l’arlésienne
Du 15 mai au 15 juin, la transformation sera au cœur des Transphotographiques
“Dès l’origine, le but avoué était de devenir le pendant d’Arles pour le nord de la France. C’est en train de se passer”, confie Olivier Spillebout, directeur des Transphotographiques. Un coup d’oeil à la programmation, toujours aussi chargée, plus riche encore en invités prestigieux, suffit à se convaincre que le festival septentrional rejoint le plein champ du festival méridional, dès sa 4eme édition.
Il est trois autres signes de cette montée en puissance. Les Transphotographiques lilloises possèdent désormais un “in” (programme dit “officiel”) et un “off”, comme nombre de festivals. Non par souci de séparer la photo d’en haut de la photo d’en bas, au regard, par exemple, d’un label de Capitale Européenne de la Culture, mais par indispensable effort de clarté, assure O. Spillebout.
Un “in”, un “off”
“Pour développer une thématique cohérente, il fallait un festival “officiel”, sinon, il y aurait eu trop d’expos” (une quarantaine comme en 2003), explique le directeur des Transphotographiques. “D’autre part, si nous restons centrés sur Lille (80% des manifestations), nous avons une vocation régionale et nous seront présent dans plusieurs autres villes. De ce fait, nous avons eu beaucoup plus de demande. Nous voulions permettre à tout le monde de s’exprimer, d’où le festival “off”. Sans cette double programmation, le thème des Transphotographiques n’aurait plus été lisible”.
Deuxième signe de croissance rapide : Les Transphotographiques participent à la dynamique de Lille 2004, sous label et avec une participation financière importante de ce partenaire ponctuel. Celui-ci fournit la deuxième plus grosse subvention, après la Région, dans un budget de 305 000€. A comparer au 46 000€ des débuts en 2001.
Un directeur artistique
Cette expansion budgétaire (avec multiplication des partenaires publics et privés) a aussi permis de mettre en pratique une idée ancienne : faire élaborer le festival par un directeur artistique. Cette année, donc, le programme “officiel” a été conçu par Jean-Luc Monterosso, commissaire général des Transphotographiques (c’est le troisième signe de leur envolée). J.L Monterosso est directeur de la Maison Européenne à Paris, et fondateur du “Mois de la photo”. Il a accordé au jeune festival lillois “un regard bienveillant et une aide fantastique” a résumé Olivier Spillebout. S’il avait exporté le “Mois de la Photo” à Tunis, Bratislava, Vienne et Berlin, Jean Luc Monterosso n’avait encore jamais pris la direction artistique d’un autre festival français. “J’ai accepté car Olivier m’a parlé avec conviction et passion de la photo, a t’il indiqué. J’ai trouvé à Lille une énergie, un enthousiasme, une équipe très professionnelle et des lieux formidables”. Le thème de la transformation, retenu il y a deux ans pour Transphotographiques 4 lui a plu. “Passer d’une forme à une autre, c’est la définition même de l’art. Très ouvert, ce thème de la transformation s’applique parfaitement à la photo. Celle-ci a pour vocation d’enregistrer la transformation du monde. Et elle même se transforme, avec le virtuel, le réel étant pulvérisé. J’ai voulu explorer ces deux directions”.
Poupées russes
Jean-Luc Monterosso a choisi de n’exposer que des artistes contemporains. Il a aussi “fait en sorte que les expositions se répondent”. Ainsi, les métamorphoses du corps à l’Hospice Comtesse de Lille, et celles de Bettina Rheims à Courtrai, dans une exposition “jamais montrée depuis 1990”. Ainsi du travail de Georges Rousse présenté à Valenciennes et à Lille. “Les expositions se complètent et s’emboîtent comme des poupées russes”. Enfin, des “demandes, pas des commandes”, ont été faites à des artistes tels que William Klein et Georges Rousse, de créer des oeuvre pour le festival.
“Les Transphotographiques auront une place de plus en plus importante dans le paysage français et européen” a estimé Jean-Luc Monterosso. “L’équipe est formidable d’enthousiasme et d’énergie”. Selon lui, elle trouvera l’argent nécessaire, même sans Lille 2004. “Il faudra que tous nos partenaires nous aident un peu plus” a glissé Olivier Spillebout. Il devrait pouvoir compter sur la ville. “Lille veut continuer son effort” avait soufflé, en préambule de la présentation officielle d’hier, Catherine Cullen, adjointe à la culture.
C.F
Voix du Nord du 5 mai 2004