Des transformations plein la vue
Jusqu’au 15 juin, la métropole lilloise vivra au rythme des Transphotographiques. Pour sa 4ème édition, le festival de la photo du Nord développe le thème de la transformation.
ON N’ARRÊTE pas un festival qui gagne… Et Olivier SpilIebout ne viendra pas s’en plaindre. Le directeur des Transphotographiques salue la réédition de cette manifestation culturelle sans pareil dans le Nord de la France. « Dès l’origine, il y a quatre ans, le but avoué était de devenir le pendant à Lille du festival d’Arles », rappelle-t-il. Forte de son succès, cette exposition géante, présente dans pas moins de cinq villes, est parvenue à séduire les plus grands. Cette année, le directeur de la Maison européenne de la photographie à Paris, Jean-Luc Monterrosso s’est vu confier la direction artistique de la manifestation. Sous sa houlette, les Transphotographiques 2004 sont placées sous le signe de la transformation. Des photographes de renommée internationale comme William Klein, Bettina Rheims ou Sebastiao Salgado exposent à Lille, Croix, Valenciennes, Noeux-les-Mines et Courtrai, pour mieux confier leur vision de la réalité transformée.
Carte blanche
« Transformer, c’est étymologiquement faire passer d’une forme à une autre. En ce sens, c’est la fonction même de l’art, en tout cas, celle de la photographie qui enregistre depuis ses origines les transformations du monde », explique Jean-Luc Monterrosso. Une petite leçon de choses qui n’est pas superflue quand on s’attaque à une pratique séculaire, encore en pleine mutation. Car « aujourd’hui, l’art de Niepce se remet en question. Avec la révolution numérique, il n’enregistre plus seulement le réel, mais le met en scène ou le produit ». Loin d’être élitiste, l’art photographique est donc empreint de réalité. Et c’est bien d’elle dont il s’agit dans les clichés de William Klein. Le photographe américain âgé de 75 ans a joué sa carte blanche sous la forme d’une création originale, en réalisant une série de vingt-cinq portraits grand format des personnalités qui font bouger la capitale du Nord. Acteurs culturels, politiques économiques ou citoyens, ils font rayonner la capitale et s’exposent au palais Rihour à Lille. Le photographe a travaillé cinq jours en studio avec ces « pointures ». « J’ai juste réalisé un album de famille, avec des juristes, des chercheurs, le monde de la nuit, les gays, les sportifs… », précise William Klein. Ainsi a-t-il fait poser les onze joueurs de l’équipe de football lilloise, le Losc, à la plus grande joie des sportifs. « Je ne pense pas que ce soit là les meilleures photos que j’aie jamais faites, mais… » Mais la modestie n’en-lèvera jamais rien au talent du célèbre artiste. —
Foisonnement photographique À chacun son style. Alors que William Klein se laisse séduire par les personnalités lilloises, d’autres présentent des expositions d’un registre très différent. Dans l’église Saint-Maurice, le Brésilien Sebastiao Salgado donne à voir « La main de l’homme », extraite d’un ouvrage de plus de 400 pages. À travers ces images, l’artiste rend hommage aux travailleurs, à ceux qui travaillent avec leurs mains dont l’activité tend à disparaître imperceptiblement. À la Maison de la photographie, Georges Rousse a souhaité créer une oeuvre in situ. Privilégiant les lieux voués à la destruction ou en pleine trans-formation, le photographe crée des volumes et des formes reconstruisant un univers. Quant à Bettina Rheims, c’est son exposition créée en 1993 « Modern loyers » qui est à l’honneur dans l’abbaye de Groeninge à Courtrai. Mi-hommes, mi-femmes, tous ses modèles se répondent pour constituer une entité humaine uni-que. En clin d’oeil à l’élargisse-ment de l’Union Européenne, l’hôtel de ville abrite une exposition sans frontières où les jeunes lauréats de la Fondation Hachette ont saisi les transformations des « nouveaux européens de la communauté ». Affaire à suivre.
S.L-N. O, Courrier de l’Escaut du 24 mai 2004
Les Transphotographiques, jusqu’au 15 juin dans l’agglomération lilloise mais aussi à Courtrai, Valenciennes, Croix, Noeux-les-Mines.