Chanteur, mais aussi photographe à ses heures et passionné par la musique de son époque, Étienne Daho raconte une histoire subjective de la pop française. Ne pas bouder son plaisir, à la Maison de la photographie à Lille.
Lorsqu’une fois acquitté le droit d’entrée, plutôt élevé, on vous annonce une exposition « très riche », vous haussez un sourcil : la Maison de la photo vous connaissez et, quel que soit l’intérêt des accrochages, vous y passez rarement l’après-midi. Alors quand, deux heures trente plus tard, on vient vous chercher dans la dernière salle, vous ne pouvez que vous incliner : oui, « Daho l’aime pop » est exceptionnellement foisonnante et passionnante.
Cet événement central du festival Les Transphotographiques 2018, conçu par la Cité de la musique à Paris, est sous-titré « la pop française racontée en photos ». Figurent ici au mur, dans une pure présentation chronologique (ça repose, parfois, la simplicité) des clichés superbes, de Charles Trenet à Julien Doré, de Françoise Hardy à Justice, en passant par Bérurier Noir, NTM, les Rita Mitsouko ou Niagara. Est-ce à cause de la notoriété des modèles ?, la signature des photographes passe presque au second plan. Quelques noms connus retiennent cependant l’attention, Jean-Marie Périer, William Klein, Jeanloup Sieff, Jean-Baptiste Mondino…
Choisir, selon ses souvenirs et ses goûts, raretés ou classiques dans le juke-box géant
Mais ce qui se dit compte autant que ce qui s’affiche. Grâce à l’audioguide, c’est la voix d’Étienne Daho qui vous enveloppe durant toute la déambulation. Et qui vous raconte comment la pop l’a – et vous a – accompagné durant toutes ces années. Souvenirs de rencontres, de collaborations, anecdotes, analyses subjectives, événements factuels, descriptions enthousiastes… Toute une époque chante en vous !
Alors, après un dernier coup d’œil aux photos d’Étienne Daho lui-même, sensibles portraits en noir et blanc, c’est un plaisir immodéré de s’adonner aux travaux pratiques : choisir, selon ses souvenirs et ses goûts, raretés ou classiques dans le juke-box géant. Pull marine d’Adjani, Voilà les anges de Gamine, Sur ma mob de Lili Drop, Les Paradis perdus de Christophe… Quoi, vraiment, c’est déjà l’heure de la fermeture ?