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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Voix du Nord : Au terme d’un débat tendu, la mairie coupe les vivres à la Maison de la photographie

Au terme d’un débat tendu, la mairie coupe les vivres à la Maison de la photographie

La majorité municipale a décidé, vendredi, de ne pas attribuer sa subvention annuelle de 130 000 € à la structure culturelle… « pour l’instant ». L’opposition dénonce un « assassinat sur fond de querelle politique », à l’heure où les époux Spillebout, chevilles ouvrières de la Maison, se sont ralliés à la République en marche.

François Kinget pose tout de suite l’ambiance. « C’est un assassinat culturel sur fond de querelle politique, cingle l’opposant Les Républicains. La Maison de la photo travaille depuis vingt ans à Fives, et les Transphotographiques font rayonner le territoire (dont la dernière fois en 2016, avec Capa). » L’élu s’indigne du paradoxe : alors que la municipalité s’acquitte rubis sur l’ongle de sa subvention annuelle de 2,75 millions d’euros à Lille3000, elle coupe les vivres à la Maison de la photo. La subvention annuelle de 130 000 € à l’association, sa principale source de financement, a disparu de l’ordre du jour du conseil municipal, vendredi.

Déclaration de guerre

Dans la salle, Violette Spillebout n’en perd pas une miette. Son arrivée, quelques minutes plus tôt, n’est pas passée inaperçue. D’autant qu’elle est accompagnée… d’Hélène Natier, présidente d’une union commerciale du Centre et du Vieux-Lille et anti-aubryste notoire. Autant dire une déclaration de guerre.

L’adjointe socialiste à la culture, Marion Gautier, s’ingénie à dépolitiser le débat. « La situation de la Maison de la photo est fragile. Depuis 2013 et le désengagement de la Région et du Département, la ville est le seul financeur public. » L’élue socialiste met en garde contre le subventionnement d’une activité déficitaire, au risque d’engager la responsabilité de la ville devant la justice.

L’association peine effectivement à boucler ses fins de mois depuis des années. Mais ses partisans soulignent que sa situation financière se redresse, avec des fonds propres en cours de reconstitution et un résultat redevenu positif en 2017. Pourquoi, alors, ce brusque changement de pied de la mairie ?

« Je n’en ai rien à faire »

La subvention n’est pas définitivement enterrée, précise Marion Gautier : « Il y aura possibilité de revoter, si les conditions sont réunies ». À savoir, si d’autres financeurs s’engagent. Chiche, répond Jean-René Lecerf. L’opposant lillois est aussi président le conseil départemental du Nord : « Je vous propose que la ville, le conseil départemental, la Région et la MEL se mettent autour de la table. »

Martine Aubry souscrit à l’idée et réfute tout règlement de comptes : « La couleur politique, pff… (elle fait la moue). Ça fait longtemps qu’Olivier Spillebout est avec vous, je n’en ai rien à faire. Je continue à penser que la Maison de la photo est la seule institution qui soit forte sur la photo dans la métropole. » Le maire affirme avoir personnellement poussé afin que l’association soit partie prenante de l’institut de la Photographie voulu par la Région.

Une approche pragmatique que Martine Aubry a failli tenir jusqu’au bout. Jusqu’à ces mots de conclusion gagnés par l’affect, une manière de lettre de rupture avec Violette Spillebout : « J’aime l’honnêteté, en politique. Et j’aime la fidélité, aussi. »

Sébastien Berges, Voix du Nord 28 janvier 2018 (illustration Thomas Lo Presti)