Une ville, deux regards. Avec « Detroit : décomposition – recomposition », la Maison de la photographie juxtapose deux visions de celle qu’on appelait Motown, ville phare de l’industrie automobile américaine affreusement touchée par la crise.
Une donnée pour mesurer l’étendue des dégâts : en cinquante ans, Detroit a perdu les trois quarts de ses habitants et n’en compte plus que 700 000 aujourd’hui.
L’Américaine Sara Jane Boyers est allée à leur rencontre, en même temps que sur les traces de son père. Née à Detroit mais californienne depuis l’âge d’un an, la photographe a commencé son travail en janvier 2011, « au moment où la ville était au plus bas ».
Elle a pourtant fixé la vie et des motifs d’espérer entre les beaux édifices en ruines, ces gens du Midwest « très gentils », les fermes communautaires. « Oui, je pense que je suis optimiste pour Detroit. J’ai vu des citoyens qui étaient ensemble pour la reconstruire. »
Ville de tous les maux
Le Français Guillaume Rivière, lui, nous montre Detroit comme la ville de tous les maux dont il semble penser qu’elle ne se relèvera pas. Les chapitres de sa série donnent le ton : « Institutions en faillite », « Usines en déroute », « Architecture en sursis », « Théâtres en vacances », « Hôtels en déshérence », etc.
Mais au-delà de ses clichés plus nuancés que le « ruin porn » en vogue, c’est cette phrase qui fait froid dans le dos : « La nourriture est le problème numéro un de Detroit. »
Dans le cadre de lille3000 Renaissance. Jusqu’au 25 octobre, les jeudi et vendredi de 10 h à 18 h, le week-end de 14 h à 18 h. Visites guidées le week-end à 16 h, Maison de la photographie, 28, rue Pierre-Legrand, Lille. 5/3€. Tél. : 03 20 05 29 29.