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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Voix du Nord : Transphotographiques 2008, visions espagnoles, visages en éclat

Transphotographiques 2008 visions espagnoles, visages en éclat

 

Dans ces Transphotographiques liées à la mode, opérons quelques sélectifs arrêts sur image. La balade au Tri postal et au palais des Beaux-Arts de Lille nous a d’abord révélé l’univers caustique, fantastique et dérangeant de l’Espagnol Eugenio Recuenco.

C’est une chambre noire où les photographies hallucinées d’Eugenio Recuenco s’évanouissent et reparaissent au fil de la « toile » Pareilles à de troublantes, piquantes et vénéneuses visions. Dans la tempête, des naufragés voguent, l’un d’eux buvant le thé avec un flegme tout britannique. Un prêtre au visage brûlant de désir abandonne sa main à une élégante agenouillée. Une Lolita de-vient femme, au pilori de son lit d’enfant. Une suggestive scène d’intérieur, à l’inquiétant «bourreau » (notre reproduction), semble avoir pour théâtre une vitrine à prostituée. Sexe et religion, conte de fée et cauchemar se mêlent étroitement. « Eugenio Recuenco baigne forcément dans le catholicisme. Il est peintre à l’origine et il a, été très marqué par l’histoire de l’art espagnole », note Aurélie Legall, coordinatrice des Transphotographiques. Goya n’est pas loin. Et Dali. Et Almodovar, dans ses courts-métrages auxquels il se consacre de plus en plus. Aurélie Legall pointe aussi l’ombre de Nietsche, mais dans la vitalité.

L’essence selon Seidner.

Théâtralisée, élégante et recherchée, la photographie de David Seidner, qui travailla pour Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, aborde le visage de trois manières très différentes, réunies au palais des Beaux-Arts.

Acte 1, il taille dans la réalité, tranche les corps, fait du visage un éclat, une absence, traquant l’essence du corps sous le drapé, révélant la ligne en effaçant le regard. « Il sublime tout simplement les vêtements, les corps des femmes », commente la coordinatrice.
Acte 2, Seidner brosse d’intenses tableaux, aux couleurs et aux expressions soutenues, figures emblématiques (l’aristocrate, la débutante…). Acte 3, il aligne des médailles-visages aux yeux absents, à la chair puissante, tels des totems humains. « Ils forment une nébulosité, ont une universalité », ‘complète Aurélie Le-gall. Ils expriment la peau de notre passage terrestre. L’ennui Lagerfeld.- Hormis Recuenco et quelques plaisirs (les chiens de Sabine Pigalle, le cou aux lacets d’Ewa Lowzil, la ville de Jean-François Rauzier -prix Arcimboldo 2008-, entre Magritte et Bilai…), le Tri postal est décevant. Notamment par l’ennuyeuse série de Karl Lagerfeld. Cet obsessionnel carnet intime fixe le beau Brad Kroenig, son compagnon, caméléon qui ne cesse de prendre la pose. La plastique est parfaite, la recherche. d’ombres intéressante, mais les images sont vides de sens et d’émotion.

■ Transphotographiques, à Lille et Roubaix, jusqu’au 29 juin. Entrée libre par-tout. 03 20 14 47 67. www.transphotographiques.com

Christian Furling

Voix du Nord du 14 juin 2008

Au Tri postal, Eugenio Ricuenco : oeuvre de la série « Dreams », en cours.