Les Transphotographiques à Lille : comme une invitation à l’arrêt sur images
D’une inauguration, l’autre. D’un Philippe de Champaigne – joliment fréquenté la semaine dernière -, voici, tout aussi avantageusement fréquentées, les Transphotographiques, officiellement ouvertes, hier soir, au Palais des Beaux-Arts de Lille.
La sixième édition d’un événement désormais installé dans la cour des grands — entendons, les rendez-vous internationaux du monde de la photo. Un rendez-vous majeur qui se donne comme qualité première de réunir les grands noms comme la jeune création, soulignera Martine Aubry. Rappelons-nous. Une petite quinzaine d’expositions au programme de la première édition en 2001, près d’une centaine cette année (soixante-dix pour l’officiel, une trentaine pour le « off »). On conçoit cette émotion dont parlera le parrain, Lucien Clergue, l’initiateur des rencontres d’Arles, « fier de voir dans cette ville à l’extrême d’Arles, cet enfant si jeune ». De fait, l’équipe d’Olivier Spillebout aura, en peu d’années, réussi quelque chose qui ressemble à un tour de force : avoir bâti un événement, un rendez-vous, couru, fréquenté pas seulement dans toute la ville mais, désormais, dans une métropole élargie (Roubaix, Lambersart, Courtrai, Valenciennes). Hier soir au côté de Lucien Clergue (élu l’an dernier à l’Académie des Beaux-Arts), Agnès Varda, grande dame du cinéma. Initiatrice de la Nouvelle Vague, elle fut aussi photographe avant d’arpenter les allées de l’art contemporain (elle présente au Tri Postal des installations et dira d’ailleurs toute sa passion pour… Philippe de Champaigne !) C’est dire, si, au croisement des arts visuels, elle avait toutes les qualités pour être ici à l’honneur. « j’en ai peut-être une : celle d’avoir duré », dira-t-elle simplement. À partir d’aujourd’hui, se succéderont vernissages, inaugurations et autres présentations des expositions. Moments à saisir de ce’ thème, photographie et cinéma, ancré sur le soixantième anniversaire du festival de Cannes. « Comme une invitation à l’arrêt sur images », dira Bertrand de Talhouët, président du festival. « Les photographes n’ont rien à dire », dira pour sa part Lucien Clergue en citant Boris Pasternak « L’homme est muet, seule l’image parle. »
Jean-Marie Duhamel (Photo Pierre Le Masson)
Voix du Nord du 10 mai 2007