Le Festival qui veut tutoyer Arles
Du 10 mai au 17 juin, la sixième édition des Transphotographiques s’installe dans cinq villes de la région. Après une interruption l’an dernier – pour cause de programmations indiennes de Lille 3000, les Transphotographiques sont de retour. Du 10 mai au 17 juin, un peu plus d’un mois d’un festival « qui veut tutoyer Arles », encore jeune mais plein d’ambition, consacré cette année aux liens entre photo et cinéma.
Le contenu de cette sixième édition confirme. s’il en était besoin, combien l’événement s’ancre comme un rendez-vous désormais guetté au nord de Paris. Quelque soixante-dix expositions dans cinq villes d’accueil – Lille, Courtrai, Lambersart, Roubaix, Valenciennes -, un festival off qui, avec une trentaine d’expositions, sera beaucoup plus qu’anecdotique, et sur le plan artistique, la venue d’une pléiade de personnalités des mondes du cinéma et de la photo au premier rang desquels il faut citer le parrain, Lucien Clergue, historique fondateur du festival d’Arles. et la réalisatrice Agnès Varda qui présentera notamment une installation (La Mer immense au Tri postal où le festival installe ses quartiers).
Trésors méconnus, jeunes artistes
Soulignée par le président Bertrand de Talhouët (lire ci-contre), comme par le directeur Olivier Spillebout, la montée en puissance de cette sixième édition ne se décline pas seulement par l’éclatement des lieux et des sites – à Lille, les trois niveaux du désormais emblématique Tri postal. l’Hospice Comtesse, les Maisons folie, le palais des Beaux-Arts et les églises Saint-Sauveur et Sainte-Marie-Madeleine, à Roubaix, la Condition publique, à Lambersart, le Colysée, et encore
Photo-cinéma : l’image arrêtée, l’image en mouvement, le temps suspendu, le temps qui passe…
Courtrai, Valenciennes et ses alentours, mais aussi par l’extrême diversité et la grande variété des expositions. Magies du monde du cinéma capté par la photo : on ira à la rencontre des photographes des plateaux de tournage – à commencer par le légendaire Léo Mirkine qui officia à Cannes des années d’après-guerre à sa mort, en 1982. On découvrira les trésors méconnus du FRAC Nord-Pas-de-Calais (Fonds régional d’art contemporain), et ceux des studios Harcourt (ces clichés mythiques des légendes du cinéma), les collections de la Maison européenne de la photo, on verra des photos des paparazzis qui participent des légendes du septième art… Sans oublier tous ces portraitistes qui, au même titre que les peintres, sculpteurs ou vidéastes, donnent, avec la photo, leur vision intime des stars – citons par exemple Jean-Claude Palisse, Jérôme de Perlinghi, Patrick Swirc ou Sebastian Copland (un fils de Jean-Claude Casadesus) -, et beaucoup de talents qui exposeront pour la première fois, soulignent avec fierté les programmateurs. Photo, cinéma, l’image arrêtée, l’image en mouvement, la perception du temps qui passe, celle du temps suspendu : telle est la problématique à multiples entrées que proposent les Transphotographiques.
Nuits transphoto…
Cette année encore, plus que les éditions précédentes, le festival entend jouer de l’événement dans de multiples déclinaisons. Soirées rencontres – autour de projections de films et de sélections des grands festivals européens de la photo -, soirées du off, conférences-débats, et aussi, nouveauté cette année, les Nuits transphotographiques confiées à Manu Baron : deux soirées les 16 et 18 niai au Tri Postal où se retrouveront accros de la scène musicale actuelle (hip-hop, electro, pop-rock). professionnels du cinéma et autres mordus de l’image. Enfin, une programmation Jeunes publics autour de la sensibilisation à l’image sera menée avec une douzaine d’établissements scolaires de Lille. Roubaix, Tourcoing. Condé. Beuvrages. etc. Une dimension « sociale » du festival soulignée par Bertrand de Talhouët qui aime rappeler que la gratuité totale. même si elle peut poser question, lui confère un rôle de médiateur tout à fait considérable…
Jean Marie Duhamel (Photos Max Rosereau)
Voix du Nord du 8 mai 2007
Le mot du président, Bertrand de Talhouët
On le connaît surtout comme patron de La Redoute (président directeur-général). Pourtant, c’est à titre totalement personnel et sans talent photographique particulier, affirme-t-il, que ce grand chef d’entreprise s’est engagé, depuis deux ans, auprès de l’équipe des Transphotographiques.
L’arrivée de Bertrand de Talhouët à la présidence du festival relève d’une rencontre suscitée par Olivier Spillebout, alors directeur d’une toute jeune structure en quête de notoriété, de renommée, d’ancrage. Une démarche à laquelle le chef d’entreprise ne reste pas insensible : « C’est une aventure qui me plait. J’ai été touché par son côté self-made-man, son côté Don Quichotte même, qui construit en partant de rien. » Des premières rencontres nait une véritable relation de suivi. totalement informelle et surtout, complètement personnalisée. « On se voit souvent, on parle, on échange. Avec quelques coups de fil, je peux parfois débloquer une situation. » Intérêt évident d’un carnet d’adresses bien tenu, de l’art de savoir aller frapper aux bonnes portes.
« Depuis, on continue, d’une année sur l’autre, sans se prendre le chou. On affine, on travaille ensemble à la mise en place des programmations comme des partenariats qui, c’est vrai, prennent, cette année, une dimension essentielle ». Pour vivre et durer, un grand festival doit se trouver des points d’équilibre « en croisant les approches« , explique encore Bertrand de Talhouët. Une démarche fondamentalement personnelle pour le patron du groupe La Redoute, ce qui ne veut pas forcément dire qu’elle le restera éternellement. « La photo, par mon métier, j’y suis forcément confronté ne serait-ce que par le catalogue et ses douze millions de lectrices. Je me dois d’être attentif aux phénomènes de mode et les partager avec le grand public. En ce sens aussi la photo est un superbe instrument de médiation. Dans les années à venir, la mode pourrait avoir son rôle à jouer dans les Transphotographiques. »