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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Voix du Nord : Les Transphotographiques : tout un cinéma à partir du 10 mai

Les Transphotographiques : tout un cinéma à partir du 10 mai

Des photographes de plusieurs pays d’Europe, une am-pleur encore plus régionale, la bagatelle de soixante-dix expositions. Du 10 mai au 17 juin, les sixièmes Transphotographiques de Lille sortent le grand jeu, sur un thème de rêve : photo et cinéma.

Vif travelling avant. Chariots. cartons. chiffons. Au troisième étage du Tri postal lillois, les murs dorment encore. Dans la pénombre. les immenses portraits composites de Jean-Claude Palisse, fixes regards en négatifs… Cut. Nous voici dans un temple du septième art. Une alcôve où les portraits du studio Harcourt luisent, icônes élégantes. « C’est un éclairage ponctuel, juste sur les photos. Ça fait cinéma, écran », savoure Olivier Spillebout, commissaire général du festival, attentif à varier les accrochages.

Surprise

« Nous avons un énorme souci de soigner la mise en espace, pour que le public aille de surprise en surprise. » En jouissant, pour la première fois, des immenses volumes de tout le « Tri po », « Un tel espace permet d’avoir une vraie dimension internationale, note Olivier Spillebout. Je veux ancrer ce festival au coeur de l’Europe et permettre aux artistes régionaux de montrer leur travail aux galeristes européens. » Ce qu’ils feront tant dans la métropole lilloise que dans le Valenciennois. Fondu enchaîné. Face à la pellicule, les spectateurs de cinéma de Stephen Gill semblent impressionner les fauteuils. glissent sous nos paupières, qui se relèvent au pied du mur. « Yen a pas deux qui sont à la même taille », soupire l’accrocheuse en désignant les tirages de Stefano de Luigi. Penchées contre la paroi, une actrice de film X donne le biberon à son bébé, une Ève embrasse le tronc d’un arbre. Dans ce Pornoland, le photographe tourne autour des caméras, ressuscite l’érotisme, déclenche des sourires, fixe le rouleau d’essuie-tout tendu après une prise. Zooms rapides. Dans un costume de Spiderman, une Super Mother d’Elzbieta Jablonska, harassée dans son chez-elle, tient un enfant sur ses genoux. Dans un décor de dantesque terrain vague, cerné de maisons en briques, un monstre de La Guerre des étoiles surgit d’une flaque. Sur commande inspirée des Transphotographiques, le Nordiste Cédric Delsaux a très subtilement incrusté Dark Vador et autres créatures dans les paysages d’ici. Plan de chute. Dans l’église Saint-Maurice. le visage osseux de l’acteur Daniel Emilfork s’abandonne, ricane, grimace sous l’objectif de François-Marie Banier. Aucun pied de nez au religieux. « C’est le travail du portrait. commente Martin d’Orgeval. commissaire de cette expo. Aller au-delà du masque. pour saisir le profil psychologique d’une personne. » Rien d’autre que l’humaine comédie.

Christian Furling (Photos Max Rosereau)

Voix du Nord du 7 mai 2007

 

QUATRE QUESTIONS À… Olivier SPILLEBOUT, commissaire général des Transphotographiques

– Photo et cinéma : avez-vous la volonté d’être exhaustif ?

« Oui, nous avons voulu montrer tous les liens qui existent entre images fixes et animées, à l’occasion des soixante ans du festival de Cannes. Il y a ceux qui photographient les acteurs et metteurs en scène : Harcourt, Léo Mirkine, ou, aujourd’hui, Denis Rouvre, Sebastian Copeland, qui est un fils de Jean-Claude Casadesus. Il y a ceux qui créent avec des références au cinéma. Ceux qui photographient lors des tournages. Pour le cinéma ou librement (il montre une retournante série de plans rapprochés, esthétiques et sanglants, pris par Françoise Huguier sur le plateau de Claire Denis). Ceux qui découpent leurs oeuvres comme au cinéma… »

– Photo et cinéma sont-ils par-fois frères ennemis

« Non, au contraire. Les deux médiums sont associés depuis l’origine et se complètent. Le cinéma s’est répandu grâce à la photo, il en a toujours eu besoin pour sa promotion, pour les affiches. Et la photo s’est construite au cinéma, elle permet aussi à certains photographes de vivre en parallèle de ce poids lourd qu’est le cinéma. »

– Ce thème vous permet d’attirer encore plus le public ?

« Oui, nous avons le souci d’aller encore plus vers le public. Nous maintenons aussi la gratuité absolue des expos. Et nous travaillons en direction des scolaires, en élaborant des fiches pédagogiques avec le centre régional de documentation pédagogique. Ces outils d’explication sont utilisés depuis septembre. »

– Vos coups de coeur ?

« L’expo phare qu’on consacre à Léo Mirkine. On montre des photos jamais vues, comme Brigitte avant qu’elle ne soit Bardot, Alain avant qu’il ne soit Delon… Le fonds Mirkine, géré uniquement par sa petite-fille, ce sont douze mille négatifs dans des boites à chaussures. Le commissaire de l’expo (Laurent Chollet) et cette petite-fille ont retrouvé des tas de choses. L’autre coup de coeur, c’est Lucien Clergue (photos du tournage d’Orphée, de Cocteau), ce vieux monsieur, fondateur du festival d’Arles qui a toujours été un exemple pour nous. Il nous écrit : « Les Transphotographiques sont un peu les enfants d’Arles et me donnent la chance de rester en famille. » Il adoube les Transphotographiques. »

« On montre des photos jamais vues, Brigitte avant qu’elle ne soit Bardot… »

Harcourt sur pattes, hier, ou l’installation des portraits du célèbre studio au Tri postal de Lille.

 

 

 

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Depuis 1997, l'Atelier de la Photo, devenu en 2003 la Maison de la Photographie, présente à Lille le meilleur de la Photographie internationale, tout en soutenant la création régionale et la pratique amateur.