La Maison de la photo expose, jusqu’au 30 décembre, Maia Flore et Guillaume Martial, lauréats 2015 du 20e prix HSBC pour la photographie. Deux artistes qui aiment à capter et habiter simultanément l’espace, de part et d’autre de l’objectif.
La chevelure rousse de Maia Flore est magnifique. Il vaut mieux : elle est de toutes les photos de l’artiste de 27 ans. Cascadant sur des escaliers (la série Home), prise dans les branches d’un arbre délavé par l’aube (Situations) ou suspendue dans les airs (planantes Sleep Elevations). Des invitations à la rêverie sublimées par des compositions, des cadrages et des couleurs léchés, tellement qu’on songe par moments à l’onirisme vaporeux des pubs pour parfum.
« Le réel n’existe pas, il faut le fabriquer »
Reste ces troublantes Morning sculptures, lits défaits par le petit matin et modelés telle de l’argile par Maia Flore, ici une poupée de chiffon, là une mariée, ailleurs (peut-être) un Barbapapa ou un prisonnier d’Abou Ghraib. « Pour Maia Flore, le réel n’existe pas, il faut le fabriquer », écrit François Cheval, directeur artistique de ce prix HSBC. La clé de ces dimensions parallèles est parfois bien cachée.
Moitié M. Hulot, moitié Buster Keaton
Les décors hantés par Guillaume Martial s’avèrent plus prosaïques. Une aire de jeux désertée, une citerne en béton, un chantier de construction. Dans les replis atones des villes, le trentenaire promène ses fines moustaches, sa silhouette et son sens burlesque. Moitié M. Hulot (l’échalas égaré dans le modernisme), moitié Buster Keaton (le corps prolixe), l’ex-patineur excelle à révéler la poésie enfouie d’un mur sans âme ou d’un toit triangulaire. La géométrie l’épanouit. On l’avait déjà aperçu dans France(s) territoire liquide, passé par le Tri Postal en 2014. On est ravi de le retrouver dans ce très bel accrochage.