Si elle partage avec l’exposition « France(s) Territoire liquide » des rez-de-chaussée et premier la notion de collectif, celle qui occupe le deuxième étage du Tripostal est assez différente sur le fond et sur la forme.
En introduction, le commissaire, David Barbage, a voulu mettre en avant la jeune photographie polonaise, dont il loue « la vitalité et la diversité ». Le jury du Poznan Photo Diploma Award (PPDA, pour le clin d’œil) prime des sujets et des styles très divers « et pas forcément les plus flamboyants ».
La suite se découvre dans une salle de projection où défilent les 2 900 (!) portraits de Cinématon, réalisés depuis novembre 1977 par le cinéaste Gérard Courant. Quatre minutes, format 4/3, cadre fixe, film muet : le dispositif ne tarde pas à exercer sur le spectateur une véritable fascination. « Il y a toujours un instant de pure vérité du personnage », indique David Barbage. Parmi ceux qui défilent dans l’ordre chronologique, des inconnus (même si tous ont un rapport avec l’art), mais aussi les visages reconnaissables de Maïwenn Le Besco, Catherine Millet, Wim Wenders ou Jean-Luc Godard. Difficile d’embrasser les 188 heures de l’œuvre au Tripostal, mais on peut la retrouver sur YouTube.
Deux mille cartes postales au Tripostal
L’autre morceau de bravoure de l’exposition occupe une pièce entière. Ici aussi, une intégrale, celle des 2 000 cartes postales (au Tripostal, cela s’imposait !) – dix-huit par planche – éditées depuis vingt ans par Pascal Pithois et son entreprise cARTed. « Ce n’est pas du tout un truc commercial, il n’est jamais tombé dans le business », insiste le commissaire. Un réseau d’amitié d’avant l’ère des réseaux sociaux, dans lequel les artistes entrent par cooptation et auquel ils participent une seule fois ou de façon récurrente (le record est de 119). « C’est à la fois très collectif et très personnel, un ensemble et des individus. » Un plaisir pour le regard, aussi, même s’il faut parfois se dévisser le cou !
Des histoires
La dernière partie de l’exposition est confiée aux collectifs ParisBerlin>fotogroup, Caravane et Neunplus. Autre aperçu saisissant de la photographie contemporaine, qui aborde en tous sens la notion de famille. Anecdotiques, poignants ou très intimes, les clichés racontent des histoires qui rencontrent les nôtres, et « il y en a pour tous les goûts ».
Catherine Painset
Jusqu’au 6 juillet, du mercredi au dimanche de 12 h à 19 h, au Tripostal, avenue Willy-Brandt à Lille. 6/4 €. L’exposition cARTed s’accompagnant d’une nouvelle édition de cartes postales, une rencontre avec les artistes est prévue ce samedi 28 juin au Tripostal. Ils seront présents dès 17 h, et une séance de signatures aura lieu à 19 h.