Exposition du 13 mai au 12 juillet 2009
Vagues souvenirs
L’une des qualités de la photographie, en dehors de son aspect formel, technique ou thématique, est d’incarner perpétuellement un moment. Peut-être la nature de la photographie repose-t-elle sur l’immuabilité de l’instant, l’imitation figée de la réalité, née de l’imagination du photographe. L’image photographique n’a pas le pouvoir de recréer la sensation des instants passés mais confirme que ce que l’on voit a réellement existé.
Le travail personnel du photographe Joao Urban de Curitiba est devenue une des références majeures de la photographie dans le sud du Brésil. Ses créations tendent vers la nécessité d’une réflexion sur des thématiques personnelles et sont néanmoins particulièrement universelles.
Le documentaire social développé par Urban, certainement inspiré des classiques Eugene Smith, Dorothea Lange et autres, fait ressortir la douceur d’une vision affinée et politiquement engagée. Par ailleurs, pour lui, photographie et politique se rejoignent à l’occasion du passage rituel du monde de l’adolescence à l’âge adulte.
Urban a recours à la photographie en tant que médium créateur pour conserver les instants les plus expressifs du quotidien de cette région. Ses principales séries – les ouvriers agricoles (boias-frias), les immigrés polonais et leurs descendants, le chemin et les conducteurs de troupeaux (tropeiros), les paysages urbains – ont toutes été réalisées dans l’état du Parana. Autodidacte, Urban cherche à atteindre dans son travail une vision investigatrice et absolument solidaire.
Invité de la 5ème Biennale de la Havane « Migraciones y Artes », Urban a présenté une nouvelle édition de son travail sur les immigrés polonais, intitulée « Tu i Tam, Polish People Here and There ». Une sélection d’images réalisées dans les prairies de l’état du Parana et dans la campagne polonaise, présentant paysages, types ethniques, manifestations religieuses et culture populaire. Dialogues et influences, resemblances et articulations nécessaires à la compréhension des représentations.
En tant que descendant d’une famille polonaise, Joao Urban a tenté dans « Tu i Tam » de recréer l’imaginaire de ses ancêtres. Les photographies soulignent ces univers communs, séparés dans le temps et dans l’espace, et créent une mosaïque inventive de souvenirs.
Exploration poétique basée sur des références historiques, Urban a réalisé avec minutie un documentaire unique sur la photographie brésilienne contemporaine. Assumant sa volonté de composer une syntaxe visuelle esthétiquement prévisible, il s’est surpassé en révélant les multiples significations de la photographie, menant à l’essence du message.
Dans cet essai photographique, les connections possibles et les similitudes reflètent une atmosphère commune qui ne s’épuisera pas dans une simple identification ou une reconnaissance immédiate. Urban veut s’assurer que la photographie continuera à briller dans l’innocence de son mystère.
RUBENS FERNANDES JUNIOR
Critique et chercheur
Exposition réalisée avec le soutien du gouvernement polonais et du secrétariat culturel du Parana et en collaboration avec le centre de l’image Ibero-Américain de l’Universté du Parana.
Exposition dans le cadre des Transphotographiques 2009