Exposition du 13 mai au 12 juillet 2009
…. “ Ces photographies d’intérieurs, de paysages et de portraits, expriment secrètement le départ et la déperdition. Le projet de Jessica Backhaus est, dès aujourd’hui un « souvenir des choses passées ». La nouvelle génération n’accrochera plus de crucifix dans son salon; elle reléguera les napperons en dentelles dans de la naphtalineet achètera ses cerises en conserve au supermarché. Ces intérieurs sont « originaux et authentiques », précise Jessica Backhaus. Mais la photographie, comme Roland Barthes nous l’enseigne, est un art de l’éphémère ; non approprié pour capturer l’authentique. L’attraction de ces images repose donc sur l’idée anticipée d’arriver trop tard : le spectateur sait qu’il ne peut éprouver plus longtemps ce qui est montré ici. A partir de maintenant, tout a changé. Et tout avait déjà disparu lorsque Jessica Backhaus pointait son objectif sur ces salons et ces cuisines. Sa fascination n’est pas portée sur les objets nostalgiques, mais bien plutôt sur cette expérience de disparition et de douce extinction. De temps à autre, la photographe illustre ce processus par des métaphores, comme lorsque la peinture bleue écaillée sur les murs d’une maison apparaît comme la carte d’un continent inconnu, ou lorsqu’elle nous dévoile des nuages éphémères dans la surface bleue de l’eau. Cette incessante communion entre perte et disparition érode l’idylle que Backhaus tente de représenter. Les tensions cachées entre présent et passé, entre beauté et éphémère, confèrent à Jesus and The Cherries sa qualité particulière »…
« A peu près 300 photographies ont été sélectionnées parmi les nombreuses pellicules réalisées au cours des années du projet.L’idée initiale était de publier 160 images, et finalement 94 on été choisies pour évoquer le mode de vie rural polonais. Jessica Backhaus a pris la décision clé de ne pas inclure une troisième série de motifs parmi les portraits et les intérieurs (tous pouvant probablement être également qualifié de « natures mortes »).
Une simple scène d’enfants jouant sur un dock au bord d’un lac nous donne une idée de l’ampleur de ce que Jessica tait. « Je ne suis pas photojournaliste » dit-elle. « Je ne défie pas le mode documentaire, mais je pense que la justesse du livre est adéquate. » Ou, pour le formuler autrement : ce livre n’est pas un documentaire ; il est une théâtralisation rigoureuse et formelle, déchirée entre le formalisme traditionnel d’Adams Anselm et Edward Weston, et le style narratif elliptique de William Eggleston ou Stephen Shore. Le conflit entre le temps présent et le thème de l’éphémère est répercuté dans l’antagonisme entre une volonté moderniste de façonner et un intérêt post-moderne dans les réalités sociales dépeintes »…
…” Avec Jesus and the Cherries, Jessica Backhaus a choisi de donner au documentaire une représentation plus large. Elle ne pouvait éviter complètement l’aspect documentaire, mais elle l’a reconstruit à travers des mises en scènes complexes. Et au cœur de ce réseau de relations qu’elle a créé, Jessica est capable de dissimuler son rôle d’artiste. Et c’est justement cet aspect qui nous rend curieux à propos de la direction que prendra son prochain projet : Quelle place occupera Jessica Backhaus entre fiction et réalité, entre présent et passé, entre forme et contenu ? »…
Stephan Schmidt-Wulffen (extrait de « Jesus and the Cherries« )
“Les photographies de Jessica Backhaus créent un index constitué de fragments de réalité qui s’assemblent pour raconter l’histoire de cet endroit. Une histoire à propos de stabilité, d’éphémère et de mémoire »
Monika Rydiger (extrait de « Jesus and the Cherries »)
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Exposition dans le cadre des Transphotographiques 2009