Mercredi 13 mars 2019 de 19h à 21h
Que vous soyez citoyens, acteurs associatifs, artistes, professionnels, ou amateurs de la culture, soyez tous les bienvenus pour débattre et apporter notre contribution locale au Grand Débat National.
Créée en 2005, l’objet de l’association Axe Culture est d’alimenter le débat public. Depuis, l’association a mené des travaux – études, concours d’idées, réunions publiques – qui ont été diffusés gratuitement, sur son site internet et auprès d’élus. Ces travaux traitent des politiques culturelles, d’aménagement du territoire, de son développement économique, de son image ou encore de sa gouvernance.
INFORMATIONS PRATIQUES
Le Débat se déroule à la Maison de la Photo à Lille
De 19h à 21h
Compte rendu Grand Débat Culture
13/03/2019 Maison de la Photographie LILLE
INTRODUCTION
Le grand débat, organisé par l’association Axe Culture à la Maison de la Photographie sur le thème de la culture, a rassemblé 72 participants le 13 mars 2019.
Afin de cadrer les débats et de faire émerger des propositions concrètes, trois groupes de travail étaient proposés, chacun d’eux animé par un spécialiste du sujet.
Luc Hossepied, journaliste indépendant animait un débat cherchant à évaluer les retombées pour les territoires et leurs habitants des grands événements et équipements culturels, des grandes oeuvres d’arts dans l’espace public. (1)
Thomas Werquin, président du think tank lillois “Axe Culture” animait quant à lui le débat consacré à la démocratisation de la culture. Avons-nous posé la question de la démocratisation de la culture de la bonne manière ? Quelles alternatives pour faire mieux ? Quel rôle pour l’Etat et les collectivités territoriales : initiateur(s) ou accompagnateur(s) / facilitateur (s) ? (2)
Enfin, Matthieu Mommeja, musicien, compositeur-interprète, intermittent du spectacle, animait le débat sur le thème de la création artistique et de la lutte contre la précarité des artistes. Comment faire de l’accompagnement des artistes locaux un point phare des politiques culturelles ? (3)
En guise d’introduction à ces trois thèmes de discussion, Thomas Werquin a appuyé la nécessité des discussions sur les politiques culturelles. Car oui, ces dernières font débat. C’est avant tout la manière avec laquelle les financements sont alloués aux projets qui surprend. Prenant l’exemple de la région lilloise, et de l’exposition “Ola Cuba !” organisée dans la métropole au printemps dernier, il s’est étonné du lourd budget offert par la région Hauts-de-France pour cette exposition promouvant l’art cubain (lui permettant même d’être gratuite). Pourquoi préférer financer ce genre de projet plutôt que des projets locaux ? Pourquoi chercher la culture ailleurs, alors que la richesse culturelle est ici, à Lille, dans nos quartiers, dans le coeur des artistes et dans notre patrimoine ?
Il a ensuite évoqué le sujet de la démocratisation de la culture. L’objectif des politiques culturelles est d’assurer le vivre ensemble, il s’agit ici de faire un aveu d’échec. La diversité culturelle lilloise est trop invisible dans les musées et expositions. Pourquoi ? Et comment résoudre cela ?
Ensuite, il a abordé le sujet de l’attractivité de la métropole lilloise. Selon les chiffres de l’INSEE, Lille est l’une des seules grande métropole française à pâlir d’un solde migratoire négatif. Certes les politiques culturelles ne peuvent pas à elle seules expliquer ce phénomène, mais il n’empêche qu’elles sont une variable importante. Il s’agit d’accepter ce constat pour pouvoir se poser les bonnes questions.
Après avoir introduit le sujet de la précarité des artistes, Thomas Werquin a donné la parole aux représentants du Syndicat français des Artistes et Interprètes (SFA) et aux membres du collectif “Interluttants 59/62” (Coordination des intérimaires, intermittents et précaires en lutte contre l’accord Unedic du 22 mars) qui s’étaient invités et souhaitaient faire entendre leur voix et leurs revendications.
1. Faut-il continuer les grands événements et équipements culturels, les grandes oeuvres d’arts exposées dans l’espace public ?
En introduction, Luc Hossepied, animateur du groupe de travail a rappelé l’objectif de mobiliser notre intelligence collective pour faire émerger des propositions concrètes autour de la thématique des impacts des grands événements, des équipements culturels et des oeuvres d’art urbaines dans une ville qui a été Capitale Européenne de la Culture en 2004.
Le débat a donc naturellement débuté sur Lille 2004 et ses suites. Les témoignages des participants actifs de Lille 2004 ou ceux de ceux qui ont été spectateurs convergent vers le constat d’une formidable opération de communication réalisée à l’époque. Cependant, la dynamique culturelle produite à l’origine s’essouffle depuis des années.
Les grands événements ne suffisent pas. Les initiatives locales, menées régulièrement par des acteurs locaux ont davantage d’impact cumulé sur le public que l’accueil de grands artistes étrangers très ponctuels, et dont les retombées ne sont pas mesurées.
Les grands événements sont importants, ils assurent une renommée. Mais pour qu’une politique culturelle fonctionne, ces grands événements ou ces grandes oeuvres ne doivent pas se limiter à créer un “impact” sur le territoire, ils doivent également produire un “apport” en faisant travailler les artistes locaux et l’ensemble de la filière associée (ateliers de production, de fabrication, etc.) de manière à créer un tissu actif. L’accueil de grands événements pour lesquels on “ sort le chéquier” pour faire venir des grands noms sans prendre de risque n’est pas suffisant. La manière dont les grandes structures vont chercher les talents est opaque. Les décideurs connaissent les enjeux, mais ils ne prennent pas de risques par peur de l’inconnu. Et paradoxalement, l’institution fonctionne dans un cycle court, elle ne prend pas le temps de favoriser une fertilisation du territoire. Elle devrait davantage donner de temps pour impliquer tous les acteurs et produire ainsi du lien. La concertation demande du temps, mais elle permet un (ré)-ancrage populaire.
La question de l’attractivité des grands événements est aussi celle d’un déséquilibre choquant entre les moyens financiers investis dans une structure sur-dotée et des artistes ou des intermittents mal payés. Se pose alors la question de la bonne utilisation des deniers publics.
Lille 3000 est un modèle qui ne répond plus à la situation.
Certes, on peut considérer que dans le secteur de la culture, même si c’est regrettable, il y a plusieurs niveaux, et que l’activité des acteurs locaux n’est pas sur le “même segment” que celle de grands artistes internationaux invités lors des grands événements.
Et parallèlement, des événements de Lille 3000 reposent en partie sur des opérateurs culturels régionaux qui y participent pour des raisons économiques. Ils sont devenus des prestataires mais il n’y a pas d’incubation dans certaines équipes artistiques. Ainsi, une étude la pyramide des âges de la population artistique, pourrait mener au constat qu’une grande majorité des artistes dans notre région ont moins de 25 ans ou plus de 60. Beaucoup d’équipes artistiques ont quitté le territoire vers des lieux plus attractifs pour leur activité.
Les territoires ont la volonté de se doter ou de poursuivre un grand événement culturel, sans pour autant savoir quel en est le sens. Calculer l’impact d’un grand événement est possible. Cependant, en l’absence de sens, de travail de maillage, de fertilisation du territoire, le principal risque que courent ces événements et de ces équipements est celui la désincarnation.
Lille 3000 est une succession d’événements – dont la valeur artistique est très inégale – qui participe à la vie locale et à nos traditions culturelles de faire la fête, mais quand ça s’arrête il ne reste que des souvenirs. “Lille 3000 est une animation comme la Braderie”. Un grand événement peut-être considéré comme un acte culturel mais pas comme un acte artistique.
Vient ensuite la question du rôle de la presse à qui il est reproché un manque d’intérêt pour les artistes locaux car “ce n’est pas vendeur”.
Les journaux mentionnent les grandes manifestations grâce à l’investissement dans des voyages de presse entièrement financés par l’organisateur et donc par la puissance publique qui choisit de mettre des moyens de promotion sur son propre événement.
Le débat a également porté sur l’accès à la culture. La culture souffre parfois du syndrome du tourisme :
on a envie d’aller voir des choses loin, on mais on ne fréquente pas les musées locaux.
Il est aussi question d’éducation à la culture : “La culture demande de la culture”. Il faut donc aider les gens à passer des paliers. Certains arts, comme la photographie, permettent d’être “une marche” pour entrer dans la culture à condition de ne pas la mettre trop haut. Il faut déconstruire le côté inaccessible de certains lieux.
Et puis il existe des endroits qui permettent le ruissellement de la culture, ou plus exactement la percolation (ou la capillarité) qui fait davantage référence à un mouvement qui part du bas vers le haut. Il s’agit d’une culture qui va là où les gens habitent, vivent et consomment (l’exemple de la musique dans les bistrots ou des fenêtres qui parlent) et qui peut être une étape pour décloisonner, désinhiber et permettre ensuite aux gens d’entrer dans les institutions (musées, concerts..).
De même offrir aux enfants, aux scolaires, la possibilité de découvrir les lieux d’art a parfois pour conséquence d’y amener les parents.
Cependant, constat est fait qu’il manque des relais, des facilitateurs qui pourraient mettre en contact l’offre et la demande, notamment dans le domaine de la musique, voire des soutiens techniques ou “coups de pouce” financiers peu coûteux. Les appels d’offre sont parfois incompréhensibles et sont alors rendus inaccessibles.
Et puis, la culture fait partie d’un ensemble. Certes la filière culturelle (des grands événements, des grands équipements) s’est structurée et parfois applique des routines. Il faudrait pouvoir sortir le monde de l’ingénierie culturelle et construire ensemble plutôt que de dire où se mettre une fois que le projet est construit. Il faut davantage s’appuyer sur les structures associatives de terrain. Il est aussi rappelé l’enjeu du rapprochement de la culture vers l’économie sociale et solidaire.
Parfois, les artistes ou leur représentant ont le sentiment d’être snobés par les institutions. Et parallèlement, il y a un véritable enjeu de l’achat de l’art, qu’il soit d’ordre privé ou public. Sur ce sujet, les grandes manifestations ne ne feront pas évoluer la situation. Car le marché fonctionne grâce à la rareté. Si on développe l’offre artistique, il y aura davantage de public mais moins de rareté, ce qui est contraire au marché.
Les propositions
– Permettre un ré- ancrage populaire et une fertilisation du territoire : organiser un lille 3000 “off”, financé avec un budget équivalent au IN qui soit un tremplin pour les talents et un “IN” avec des obligations, des objectifs, du sens et qu’il fasse l’objet d’une véritable évaluation.
– Accompagner la culture dans les bars musicaux et les bistrots. Permettre aux commerçants de faire accéder à la culture en échange de l’exonération de la taxe sur les terrasses par ex, ou autre dispositif.
– Investir ainsi davantage l’espace public avec du théâtre de rue, des spectacles en terrasse, des évènements artistiques éphémères.
– développer la médiation culturelle auprès des enfants, et renforcer les programmes d’accueil des artistes dans les écoles
– développer un réseau de référents, “des agents municipaux multicartes” qui permettent de mettre les gens en relation et de promouvoir une véritable culture de proximité/
– Faire des grands équipements de véritables lieux de vie afin de casser l’image super élitiste et de mieux accéder à la culture.
2. La démocratisation de la culture
Dès le début des discussions, une difficulté a émergé : comment définir la culture ? Ce concept est en effet un des plus protéiformes qui soit. Nous avons alors tenté de mettre en lumière ce qu’il renferme d’après nous.
La culture est la somme de toutes nos expériences. Elle peut être à la fois scientifique, artistique ou encore émotionnelle. On la sent battre partout, aussi bien dans les médiathèques et dans les musée, que dans un skate-park ou au bord d’un terrain de foot de quartier. La culture est un capital à partager, c’est une source intarissable de découvertes. La culture c’est à la fois notre présent : la culture vivante, celle que nous portons en chacun de nous. Mais c’est également un passé : un patrimoine, des grandes figures. La culture a ainsi cette particularité de pouvoir être à la fois personnelle et collective.
L’immense diversité de la culture nous force ainsi à voir le sujet d’une manière globale. Il n’y aurait pas une culture à démocratiser, mais des cultures, toutes les cultures.
Cette vision nous invite à arrêter avec notre hiérarchisation des cultures, la peinture, l’opéra, la musique classique, le théâtre tout en haut, et le reste en bas. Non, il faut plutôt voir l’offre culturelle comme un hall avec d’innombrables portes que tout un chacun doit être en mesure de pousser à sa guise.
Il nous apparaît alors que pour assurer dans les faits une démocratisation de la culture, le choix des financements par les collectivités territoriales joue un rôle prépondérant.
Nos débats dénoncent rapidement un manque de logique dans la répartition des finances. Comment concrétiser une démocratisation en continuant à donner énormément aux grosses structures et en laissant les miettes aux associations de quartiers, salles polyvalentes etc. ?
Ici résonne à nouveau le cri des Intermittents, ce sont eux qui souffrent de ces coupes budgétaires, alors même que ce sont eux qui permettent de faire découvrir, la musique, les arts du cirque etc. Pour reprendre la métaphore du début, pour pousser une porte, encore faut-il savoir qu’elle existe et il est extrêmement difficile de s’accaparer une culture que l’on ne connaît pas.
Pourtant, aujourd’hui en France, bien trop souvent, la culture finançable demeure la culture élitiste et celles et ceux qui doivent mettre en oeuvre la démocratisation sur le terrain n’ont pas les moyens de remplir leur mission.
Si bien qu’un fossé a fini par se creuser et que l’accès à l’offre culturelle est à plusieurs vitesses. Pourquoi ce manque de diversité aux musées, au théâtre etc. ? Nous nous sommes demandés si la barrière résidait dans le prix, car comme chacun le sait, la culture a un coût et le prix d’une entrée dans certains musées ou encore au théâtre peut vite devenir un frein. Rapidement, il nous est apparu que la barrière empêchant à tout un pan de la société d’accéder à ce que nous appelons avec des pincettes “la culture bourgeoise” est plutôt invisible. En effet, à l’heure du bilan, les actions musées gratuits les dimanches pour les Lillois, ou encore les journées du patrimoine débouchent sur un constat d’échec : même avec l’entrée gratuite, les personnes ne visitant habituellement pas ces lieux ne franchissent pas le pas.
Evidemment, la copie n’est pas toute noire, et des progressions sont visibles.
Certaines structures implantées dans des quartiers comme la salle Grand Sud (Lille Sud) ont un bilan très positif. Mais malheureusement, aucune systématisation n’est possible dans le domaine de la culture, ce qui a marché à un endroit ne marchera pas forcément à un autre.
Certaines grandes institutions développent également des démarches pour aller vers les territoires (exemple musée La Piscine à Roubaix).
Mais force est de constater que la stratégie tentant d’imposer la culture élitiste au plus grand nombre n’est pas la bonne. Partir du haut pour aller vers la base est voué à l’échec.
Mais changer cette stratégie sous entend d’accepter qu’il n’y a pas de bonne et de mauvaise culture. La culture doit être un partage.
Ainsi, c’est l’offre culturelle qui doit aller vers les gens, se déplacer et ne pas rester dans ses lieux sacrés. Dans ce sens, l’arrivée d’internet a été un grand pas en avant et des plateformes telles que YouTube permettent d’accéder à des connaissances naguère intouchables pour le grand public (des cours de physique nucléaire, d’étymologie, de biologie etc.)
Pour clore notre débat, un dernier changement de perspective nous a semblé nécessaire. En effet, la question de la démocratisation a toujours été posé ainsi : Comment trouver le spectateur ? Mais les interventions au cours de ce débat ont mis en lumière qu’il serait mieux avisé de considérer tout le monde comme acteur. La culture personnelle doit être un choix, un désir. Le rôle des politiques culturelles est finalement d’éveiller ce désir, offrir le choix le plus varié possible pour chacun puisse y trouver son compte.
Les propositions
Financements : Plus de transparence sur les choix faits
- Raisonner en termes de budget par habitant plutôt qu’en termes de budget par projet, pour rendre le processus plus équitable.
- allouer davantage de moyens aux structures proches des territoires.
Sortir la culture de ses lieux sacrés : venir faire cours à l’opéra, au théâtre.
Valorisation des personnes qui transmettent la culture
- les amateurs, les médiateurs, les Intermittents
- vidéastes sur internet (Étendre les aides façon CNC)
Allouer encore davantage de moyens à l’école pour jouer son rôle de plateforme culturelle. Pour revenir une dernière fois à notre métaphore : l’école doit fournir une clef universelle capable d’ouvrir toutes les portes.
Groupe 3 : la création artistique et de la lutte contre la précarité des artistes
La création artistique est une notion large qui peut permettre d’ouvrir de nombreuses portes dans le cheminement de la réflexion. Le groupe a conscience de la profondeur du sujet et décide de rester le plus ouvert possible pour qu’aucune facette de cette notion ne soit oubliée. La création artistique est mise en place par de nombreux acteurs, ceux-ci doivent tous être intégrés dans la réflexion.
On oublie souvent que la création artistique à un coût réel, dissimulé, que les “financeurs” prennent rarement en compte. Dans le domaine de santé on dit qu’un euro investi dans la prévention peut faire économiser environ neuf euros de soin. La santé des artistes est un facteur important qu’il faudrait prendre plus souvent en compte ; nous prenons l’exemple d’un artiste grapheur devant faire une intervention dans une école primaire, son budget prévoit des masques de protection pour lui et les enfants mais le devis est trop élevé pour l’école qui lui demande de faire l’atelier dehors pour réduire les coûts au dépit de la santé de tous les participants.
Comment pouvons-nous convaincre les collectivités et les organisateurs de ce coût réel nécessaire aux interventions. Les conditions de travail peuvent être dangereuses pour les artistes (risque d’accident lors des nombreux déplacements, risque auditif pour les musiciens, etc). Il faut informer de ces risques pour une prise de conscience de la part des collectivités.
La question de la rémunération des artistes pose de nombreux problèmes. Les structures se tournent vers les propositions les moins chères sans prendre en compte de nombreux facteurs. Il y a une responsabilité des collectivités et des organisateurs d’événement culturel a engagé dans la mise en place d’intervention. Il faudrait mettre en place un système similaire à celui des universités et des lycées pour lequel les interventions artistiques sont tarifées en fonction d’une grille commune établie. Tous les artistes sont payés au même prix.
Comment pouvons-nous revaloriser la création artistique ?
Le fonctionnement du système établi autour de la rémunération des artistes est peu connu.
Le statut d’intermittent donne droit au chomage après que l’individu ait effectué un certains nombre d’heures de travail. Il reste très précaire mais les artistes devraient pouvoir bénéficier d’un statut équivalent, la création devrait pouvoir être valorisée par la rémunération.
Le statut d’intermittent est unique en Europe mais il est inégal puisqu’il est financé uniquement par les salariés, étant les seuls à cotiser à Pôle Emploi. Il faudrait que tout le monde y participe.
Les artistes devrait également bénéficier d’un salaire minimum assuré au même titre que les intermittents. Après avoir créé une oeuvre les artistes sont forcément au chômage technique dans l’attente de nouvelles inspirations, ils ne peuvent pas créer tous les jours. Contraints de prendre des emplois en parallèle de leurs activités artistiques, ils perdent également beaucoup de temps qu’ils auraient pu investir dans la création artistique. Aux yeux de la société les artistes sont directement considérés comme précaires puisqu’ils sont rattachés à Pôle Emploi.
Mais la question de l’employeur pose problème. Si on part du principe d’une création artistique n’est pas un héritage pour les ayant-droits, l’état pourrait récupérer l’argent investi dans le travail de l’artiste à sa mort. Cependant ce fonctionnement soulève de nombreuses questions qui créent un désaccord dans le groupe.
Il faut prendre en exemple le système des Etats-Unis qui encourage la création artistique contrairement à la France qui a tendance à la freiner. Cependant le système des Etats Unis est corrompu et suscite des discussions.
Le marché du livre et de l’édition est également confronté à un problème similaire, il faudrait alors associer tous ces profils pour créer un nouveau statut avec des droits égaux et des rémunérations minimum établis par l’état. Quelle serait alors la contrainte pour accéder à ce titre d’artiste reconnu ? Les diplômes sont inexistants dans certaines branches artistiques, et la formation obligatoire peut également nuire à la création artistique. Il y aurait également le risque de réserver ce titre à une élite ayant eu la chance d’accéder aux écoles.
En établissant des grilles gouvernementales de rémunération minimum fixe pour tous les artistes nous pourrions encourager la création artistique en France et rendre la vie des artistes moins contraignante.
Les propositions
Pour les interventions artistiques :
- Sensibiliser les collectivités et les porteurs de projets aux coûts réels des interventions artistiques. Les éduquer sur les risques et les contraintes auxquels s’exposent les artistes intervenants.
- Mettre en place des grilles de tarifications minimale pour réduire la concurrence entre les intervenants.
Pour la création artistique :
- Entrer dans une politique encourageant la création par la mise en place des bourses à la création sur le principe de celles existant déjà aux Etats-Unis.
- Mise en place d’un revenu minimum destiné aux artistes pour leur permettre de se concentrer sur leur création.
- Établir un nouveau statut pour les artistes de tous les secteurs (de l’édition, des arts plastiques, du cinéma,de la musique, du théâtre, de la danse, etc) basé sur le fonctionnement du statut d’intermittent.
- Créer une structure publique spécialement pour les artistes et intermittents pour les différencier de Pôle Emploi. Financer soit par des cotisations publique égale, soit par la part des ayant droit.
CONCLUSION :
Les débats ont été riches dans les 3 groupes de travail, et ont rejoint les thématiques prioritaires du Grand Débat National :
- maîtrise de la dépense publique, avec de vraies questions sur la meilleure répartition des financement culturels vers la proximité et la démocratisation de la culture
- maîtrise de la dépense publique également avec la nécessité d’évaluer les retombées durables des politiques culturelles, et d’arrêter les “coup de comm” représentés par certains grands évènements
- souhait de transparence sur l’allocation des ressources dans la culture
- organisation de l’Etat avec une réinterrogation du système économique permettant aux artistes de vivre hors de la précarité actuelle, et leur assurant ainsi une capacité à créer plutôt que à survivre
- organisation de l’Etat avec une ouverture des lieux publics culturels pour d’autres usages, transformés ainsi de lieux artistiques élitistes en lieux de vie collaboratifs
- rôle primordial de l’Ecole dès le plus jeune âge, pour apprendre la culture, accéder aux lieux culturels, et découvrir la pratique grâce à des médiateurs formés et nombreux dans les quartiers les plus difficiles.
- A Lille, créer un OFF de Lille3000 justement financés, qui favorise les petits lieux culturels , même privés, et les artistes locaux
- Globalement, réfléchir au sens des choix des politiques culturels, et mettre la priorité sur les actions qui fertilisent le territoire, dans la durée, et pour renforcer la stabilité des acteurs culturels.