« 1 % de privilégiés dans une époque d’inégalité globale. » L’expo de la Maison de la photo annonce la couleur dès l’intitulé : l’intenable accaparement des richesses par quelques-uns. Un sujet brûlant, qui méritait mieux.
Sur le papier, c’est passionnant. Exposer crûment la concentration des richesses dans les mains d’un petit nombre. « Mon trajet matinal dans Manhattan me permet d’apercevoir aussi bien la pauvreté la plus épouvantable que la richesse la plus insolente », écrit, dans son introduction le commissaire de l’accrochage itinérant « 1 % de privilégiés dans une époque d’inégalité globale », présenté à la Maison de la photo dans le cadre des Transphotographiques 2016.
Pour Myles Little, l’essor de l’ultrarichesse est une menace pour la cohésion de la société. Le postulat pourrait être signé de l’économiste Thomas Piketty ou du mouvement Occupy. Sauf que le photographe américain use, lui, de la photo pour convaincre.
Millionième friche
Las, sur les cimaises, c’est décevant. Les tirages, peu nombreux, peinent à dépasser l’illustration. Signée de maints photographes, piochée dans des séries, la sélection de Little semble relever du collage, du best of. La cohérence de l’ensemble en pâtit.
Cela n’enlève pas leur force à certains de ces travaux, même isolés. Ainsi de cet agent de sécurité d’une mine tanzanienne, équipé pour la guerre (David Chancellor), de cette fillette russe jouant dans une opulence clinquante (Anna Skladmann), de cette supposée banque éclairée comme un bordel (Paolo Woods et Gabriele Galimberti).
Mais pour quelques découvertes (dont on aimerait voir d’avantage), combien de clichés convenus (la millionième friche de Detroit), lestés de symboles (le cul-de-jatte astiquant le Walk of Fame à Hollywood) ou tout simplement plats (le hors-bord acrobate sur fond de gratte-ciel). L’inégalité est effectivement partout. Y compris dans cette exposition hétéroclite, qui à trop embrasser étreint bien peu.