Hier matin, les Transphotographiques de Lille ont accueilli leur parrain
Willy Ronis, regard magistral et oeil pétillant
« Qu’est ce qui importe, selon vous, dans la photographie? » La question était posée par Pierre Mauroy, président de la communauté urbaine, et la réponse du maître à l’élève, si l’on ose écrire, n’a pas tardé : « L’oeil et la rapidité de réaction », a dit Willy Ronis, le parrain des Transphotographiques dont le coup d’envoi officiel était donné, hier matin, dans la nef et les travées de l’église Sainte Marie-Madeleine de Lille. Les photographies présentées dans ce lieu ne constituent qu’une partie de l’opération qui envahit divers lieux de la ville (lire ci-contre) mais comment ne pas voir une valeur symbolique dans les valeurs que transmettent ces regards croisés et profondément humains.
L’association France-Liberté y occupe l’essentiel de l’espace central et sa présidente, Danielle Mitterrand, était présente pour soutenir les photographes qui ont participé à un travail sur les Dalits, ces Indiens marginalisés de très basse caste quand ils ne sont pas tout simplement hors caste. La présidente de France-Liberté était également à Lille pour porter un regard tendre et bienveillant sur les travaux de sa petite-fille, Pascale Mitterrand, qui s’est elle aussi engagée pour témoigner par l’image des souffrances de ces Indiens qui s’organisent entre eux pour résister et survivre. Les regards sur les Dalits sont réellement croisés puis-que deux sont portés par des Indiens (Ramu et Ra-hath Woysufi) tandis que deux Français (Pascale Mitterrand et Frédéric Anthon) apportent leur propre vision d’une réalité bien difficile à cerner.
Plus loin, Philippe Dupuich s’est penché sur l’île de la Réunion (que Willy Ronis semble connaître mieux que sa poche) avec des images tendres mises en valeur par des tirages particulièrement léchés. Enfin, un peu à l’écart, se trouve un travail tout en couleur présenté par la fondation Leica. Vanni Calanca y livre des images souvent cocasses, complices mais sans méchanceté sur les gens qui peuplent l’Italie. Aristocrate au coin du feu, palefrenier édenté, moine en confession… On pourra peut-être regretter que parmi cet ensemble figurent plus d’images offertes par les sujets aux photographes que d’images réellement prises et construites par leurs auteurs, mais ces premières Transphotographiques donnent tant à voir ici et ailleurs qu’on ne va pas chipoter…
Christian. BRACKERS d’HUGO
Voix du Nord du 6 mai 2001