La Photographie, sujet épineux…
Xavier Bertrand l’avait dit à Douai, au moment de la clôture de la vaste concertation menée pendant toute une année avec un monde culturel médusé et conquis. « J’ai repéré des trous dans la raquette » : il fallait comprendre des secteurs où aucune politique publique ne s’exprime la photographie étant un exemple. Le 8 juillet à Arles en présence de Françoise Nyssen la ministre de la culture, il passait la commande d’une mission de préfiguration auprès du directeur des rencontres d’Arles.
Quoi de plus naturel que de choisir comme modèle le festival qui du haut de ses presque 50 années d’existence a permis à la photographie d’occuper un rang d’évènement fédérateur et mobilisateur. Est-ce oublier qu’il y a des forces locales ? La photographie a son histoire dans la région, le CRP, centre régional de la photographie implanté à Douchy-les-mines. La photographie a aussi sa maison à Lille, fruit d’une action volontaire et personnelle d’Olivier Spillebout qui a su créer des rendez-vous réguliers et des événements spectaculaires comme les Transphotos. Les plus grands photographes du monde y ont rencontré leur public, et fait découvrir la diversité de ce que Pierre Bourdieu appelait un art moyen….
« Et nous ? »
Une table ronde réunie à la Maison de la Photographie rassemblé, un mardi après-midi de fin janvier, amoureux de la photo, pratiquants photographes professionnels, des amateurs affirmés qui écument les salles d’exposition pour rencontrer leur public. « Et nous? » disent ils. Cela valait-t-il vraiment la peine de mettre tant d’argent dans un Institut pour la photographie des hauts de France. L’orage gronde, Pierre Coursières membre du conseil d’administration de la maison de la photo et président du Furet du Nord relativise : « quand dans mon métier je vois s’installer un concurrent, je m’en réjouis parce que je sais que le marché va s’élargir ». Emmanuel Provost animateur de la New Square Gallery, la seule galerie Lilloise spécialisée sur la photo renchérit : « il faut multiplier les lieux pour que Lille atteigne la taille critique.» «La logique institutionnelle signe la reconnaissance d’un art lance Karine Saporta, chorégraphe de métier mais photographe depuis toujours, à condition que les mastodontes acceptent de dialoguer. »
Coïncidence de dates ? le 31 janvier la région réunissait une assemblée générale constitutive et nommait mais Marin Karmitz président de l’association de préfiguration. une commission d’experts associant les acteurs locaux pour définir les projets de l’institut est aussi annoncée. Si une nouvelle table ronde informelle annoncée à la maison de la photo pouvait se tenir en présence de la région ou des membres du conseil d’administration, la démonstration serait faite d’un dialogue engagé.
La Croix du Nord du 16/02/2018 / Jean Michel Stievenard