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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Voix du Nord : Marion Gronier a sillonné les concours de mini-miss

Marion Gronier a sillonné les concours de mini-miss et expose ses portraits de mères et de filles à la Maison de la photo

« je suis allée de concours en concours et observé ce qui se passait sur scène et dans la salle. Je repérais des duos mère-fille et, à l’issue de leur passage sur scène, je leur proposais de les photographier dans les loges », explique la photographe Marion Gronier.

Ces concours qu’elle évoque et qu’elle a sillonnés dans le nord de la France sont ceux des mini-miss. D’où le titre de cette série de portraits en format carré, I Am Your Fantasy (« Je suis votre fantasme »). « Mon intention était de questionner la relation mère-fille qui se noue dans ces moments particuliers, loin de tout cynisme et de toute caricature. Ces images sont décontextualisées, mais elles respirent à travers le hors-champ », poursuit la photographe.

« L’incarnation du désir de leur mère »

On ne trouve ici aucune image de coulisses, de défilé, de salle en délire. Pas de gamine triomphant avec le diadème de la gagnante. Pas de larmes emportant le maquillage des perdantes. Marion Gronier a volontairement fait le choix d’ignorer le côté linéaire du reportage traditionnel pour se concentrer sur ces singuliers diptyques mère-fille.

Ce que le hors champs de ces portraits frontaux ne nous montre pas, et qui pourtant saute aux yeux, trouve ses racines dans un questionnement de la photographe sur cet idéal du « paraître » que la société propose à ces femmes. « A travers ces concours, durant lesquels elles s’investissent beaucoup, les mamans projettent sur leur fille ce qu’elles auraient aimé connaître. Dans une certaine mesure, ces enfants deviennent l’incarnation du désir de leur mère », continue la photographe. Elle qui a suivi des études littéraires semble aujourd’hui utilser avec grâce la lumière pour décrire ces contes modernes légèrement angoissants.

Par délicatesse et par respect pour ses sujets, Marion Gronier s’est pliée aux contraintes techniques du Mamiya C330, un reflex argentique moyen format et bi-objectifs produit dans les armées soixante-dix. « La visée parle dessus implique que l’on se penche en avant, un peu comme si le photographe saluait le sujet qui se tient devant lui », précise-t-elle. Une attitude moins agressive qu’avec les appareils photo reflex classiques, et qui explique certainement le naturel des portraits saisis par l’artiste. Si elle passe par un laboratoire professionnel pour le développement de ses films, elle n’en assure pas moins le post-traitement des images sélectionnées. Celles-ci, tirées sur contrecollé en aluminium, sont visibles jusqu’au samedi 10 mars, à la Maison de la photographie.

J-F. B

Voix du Nord du 25 février 2012