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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Michal Szlaga : Une histoire photographique des chantiers navals

Expositions du 26 mai au 26 juin 2011
Vernissage le vendredi 10 juin à 18h30

 

Les chantiers navals de Gdansk en Pologne suggèrent bien davantage qu’une installation industrielle monumentale, dont la splendeur est ancrée dans un passé déjà lointain. Le chantier naval est tout autant une légende, un lieu symbolique, une idée, dont l’ambivalence tient au fait qu’il contient, d’un côté, une part importante de mystère, en tant que lieu qui reste à explorer, et de l’autre, qu’il est considéré par beaucoup de spectateurs comme obsolète, slogan insignifiant, voire vide de sens.

Comment expliquer alors ce phénomène presque magnétique, qui attire sur ce site les gens ordinaires et inspire les plus grands artistes?

On pourrait apparenter le chantier naval à une sorte d’organisme vivant. Son squelette est fait d’architecture, de technologies, de machines; son sang est fait des gens qui l’ont habité, son âme de l’idée de liberté et de solidarité qui en a découlé. Cette métaphore est peut – être un indice pour aborder l’œuvre de Michał Szlaga, puisque les photographies de cette série traitent justement de l’espace, des gens et des idées.

Michal Szlaga est aujourd’hui reconnu comme le documentariste quasi exclusif des transformations qui ont eu lieu sur le chantier naval de Gdansk.

Autrefois, ce lieu était plein de l’énergie et du pouvoir de la productivité, incarnés par les efforts physiques des centaines d’ouvriers qui y travaillaient. Ils furent la force vive d’une industrie manufacturière tout en revendiquant des changements au niveau social et politique, préfigurant en Pologne la chute du communisme, qui allait suivre dans le reste de l’Europe.

A l’heure actuelle, et suite à la période d’effondrement, de privatisation rapide puis de stagnation économique causée par la crise mondiale, cette aire post- industrielle subit une transformation lente, presque hésitante. Elle devient ce nouveau quartier de Gdansk où s’installent de riches entreprises, des appartements de luxe, des centres commerciaux bondés et des lieux de divertissement bruyants. Témoins silencieux de ces transformations, les vestiges maussades des entrepôts du 19ème siècle, les grues rouillées, les docks presque déserts, et les travailleurs qui restent.

Ce sont ces mêmes gens simples et sympathiques, parmi lesquels le prix Nobel de la Paix Lech Wałęsa, qui furent les initiateurs et les acteurs du changement, à travers la révolution anti- communiste “non -violente”, qui changea irrémédiablement le cours de l’Histoire.
Ce sont ces mêmes gens qui sont les protagonistes des photographies de Michał Szlaga.
Un simple sableur, un électricien deviennent les figures allégoriques du dur labeur, des boulversements sociaux et politiques, ou de l’humanité elle- même, dissimulée sous la poussière et les salopettes de chantier. Ces travailleurs de l’ombre, posant solennellement, brandissant les attributs de leur fonction, nous font penser à la célèbre image de la Liberté guidant le peuple, d’Eugène Delacroix.

L’architecte Daniel Libeskind explique que l’architecture, tout comme la littérature, la poésie ou la musique, permet de raconter des histoires, car, contre toute attente, les bâtiments sont comparables aux êtres humains – ils vivent, respirent, et ont des aspects à la fois intérieurs et extérieurs (D. Libeskind, Breaking Ground).

Szlaga – en tant qu’artiste d’une exceptionnelle sensibilité, a senti l’identité particulière du chantier naval, sans jamais tomber ni dans un sentimentalisme superflu, ni dans un pathos hasardeux. D’autre part, en tant que documentariste, Szlaga créé des photographies qui, comme l’écrit Susan Sontag, révèlent “ le sens de rendre “réel” (ou plus “réel”) des problèmes que le spectateur confidentiel pourrait ignorer” (S. Sontag, Regarding the Pain of Others).

Dans quelques années, quand la Nouvelle Ville se sera complètement emparée du chantier naval, et que les grues immenses et fières auront disparues du paysage; quand l’histoire du mouvement de solidarité sociale et libertaire et des grèves des travailleurs sera racontée à travers des expositions modernes au sein du Centre Européen de la Solidarité, actuellement en construction, les images de Michał Szlaga viendront remplir le vide, rendant hommage aux témoins silencieux de la grande Histoire, dont les contours deviennent flous et obscurs, à mesure que le temps passe, pour les générations suivantes.

Marta Wróblewska

 

 

 

Exposition réalisée dans le cadre des transphotographiques 2011

 

Horaires :
Ouvert du jeudi au dimanche de 11h à 18h.
Attention : en raison d’événements privés, il est possible que la Maison de la Photographie soit fermée au public certains jours.

Tarifs :
Normal 8€ / Réduit 5€ ( Carte étudiant, seniors + 65ans , demandeurs d’emplois, détenteurs de carte famille nombreuse )
Gratuit ( Enfants de – 8 ans, bénéficiaires du RSA, personnes à mobilité réduite + 1 accompagnant et lors du vernissage de l’exposition).

 

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