Les yeux sur le monde
Depuis son lancement, le rendez-vous des Transphotographiques, ne s’est jamais départi de son regard à la fois ouvert et vigilant sur la photographie moderne mais aussi sur ceux qui on fait son histoire. Pour cette neuvième édition, le festival revient avec une vigueur nouvelle et des images toujours plus alléchantes.
Au fil des années, ce temps fort consacré à la photographie est parvenu à faire son nid dans le paysage local. Le rêve d’Olivier Spillebout, créateur de l’évènement, continue donc de vivre une belle jeunesse en dépit d’une croissance parfois chahutée. C’est donc à nouveau un mois durant, d’un coin à l’autre de Lille et bien au-delà, que se déploie cette édition 2010, appuyée sur un thème aux échos modernes et contemporains : une seconde nature. Nature qui est celle du monde qui nous entoure et que les hommes ont transformée soit pour l’utiliser à leur guise, soit pour la rendre conforme à un idéal plis ou moins imaginaire. Ces questionnements – et bien d’autres – trouvent donc une résonance dans les travaux des artistes sélectionnés par les des commissaires de l’évènement, Françoise Paviot et Gabriel Bauret. 55 artistes se partageront donc les regards des visiteurs de cette année, à commencer par Joan Fontcuberta, invité d’honneur (et donc tête d’affiche), amateur de regards détournés et de manipulation qui, par ses clichés, invite à un glissèment du regard, une façon de regarder autrement la nature et ce(ux) qui la composent.
Le reste de la programmation de ce cru 2010 est à l’avenant : plus que de se contenter d’offrir aux yeux des propositions uniquement basées sur la beauté intrinsèque de leurs sujets, les myriades de petites expositions et de lieux participant au festival entendent favoriser une approche autant plastique que critique de la nature et des liens que l’homme entretient avec elle. Jean-Pierre Gilson regarde les routes du Paris-Roubaix, Sophie Deballe interroge les terrils, collines artificielles rendues à la nature, Myoung Ho Lee tire des portraits d’arbre, Pétur Thomsen montre le ventre du monde ouvert par les machines des hommes, Aki Lumi recompose des paradis rêvés tandis que Yoshihiko Ueda rend palpable la vie qui bat dans les sous-bois, Jorma Puranem photographie des paysages au travers de blocs de glace, Adam Panczuk signe des portraits de paysans polonais au coeur de leur nature, Mark Ruwedel traque les traces du passage de l’homme dans la nature et Liza Nguyen photographie des poignées de terre de sites de la guerre du Vietnam… Partout la recherche est présente autant qu’une sorte de beauté parfois irréelle captée fugacement par l’objectif des photographes, offerte aux yeux des visiteurs qui en retireront ce qu’ils souhaiteront.
On est bien loin d’une photographie ennuyeuse, chacun des artistes présents dans cette édition 2010 propose un beau voyage parfois doublé d’une invitation à la réflexion, sans que rien ne soit pour autant jamais imposé. « Une programmation vivante et complète qui va réjouir et enrichir » se félicite ainsi Bertrand De Talhouët, Président des Transphotographiques. Au-delà des expositions, l’équipe du festival et de la Maison de la Photographie a mis en place de nombreuses propositions variées, depuis les rencontres jusqu’à des cages de photographies (informations complètes sur le site des Transphotographiques) toujours dans l’idée de défendre une manifestation qui vise à « sensibiliser et intéresser le plus large public à la photographie d’art contemporaine ». Une ligne jusque-là joliment tenue et qu’il ne tient qu’aux curieux d’aller partager dans un parcours au coeur des expositions (toujours entièrement gratuites) de cette année.
Guillaume Branquart
Sortir du 19 mai 2010
Les Transphotographiques : Une seconde nature – Jusqu’au 20 juin 2010 A Lille et dans toute la métropole.