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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Martin d’Orgeval : Réquisitoire – Le plancher de Jean

Exposition du 6 mars au 20 avril 2008

 

Œuvre unique, manifestation d’Art Brut ou art des fous, le plancher de Jean, exposé de manière permanente à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, est un cri qui ne peut laisser aucun de nous indifférent. Sculpté par un homme atteint de schizophrénie, ces quatre grandes pièces de bois, telles un testament, témoignent d’une profonde souffrance.
Dans un souci de vérité documentaire, Martin d’Orgeval a photographié le plancher de Jean comme il a été percé, gravé, incisé : dans sa position horizontale d’origine. Selon une perspective soit frontale soit axiale, il a saisi le plancher non pas comme un tableau, mais comme un élément de la vie quotidienne, le sol sur lequel on marche, on vit, et cela à la lumière naturelle.
Le texte inscrit dans le bois prend d’emblée la forme d’un réquisitoire féroce contre la religion, responsable selon Jean de tous ses maux. Son champ sémantique, décrypté par les photographies, mêle sérénité, agressivité, haine et peur d’une conscience menacée. Des mots accumulés qui disent la violence contenue et les obsessions d’un homme muré en lui-même – culpabilité, guerre, mort, paranoïa. La démarche de Martin d’Orgeval met aussi au jour la brutalité des coups de couteau sur le bois, tous les accidents et dérapages de la lame qui laissent deviner les blessures corporelles. La matière trouée et entaillée ainsi que les parties rongées par l’humidité ajoutent au caractère torturé du personnage et finissent de donner au plancher une dimension expressionniste.
Le regard de l’artiste nous conduit à la rencontre de l’émotion et de l’esthétique : il est un complément au regard médical.

Jean-Pierre Olié
Professeur à la faculté de médecine
Chef de service à l’hôpital Sainte-Anne
Extrait du livre Réquisitoire, Editions du Regard, 2007

 

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