Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Le Monde : Les Pietàs de Gregor Podgorski : la renaissance d’un mythe ?

Les Pietàs de Gregor Podgorski : la renaissance d’un mythe ?

Présenté aux Transphotographiques de Lille en mai 2000, parrainées par Willy Ronis, l’ensemble de son œuvre est exposé sur les bords du canal Saint-Martin, chez Artazart à Paris.

La Vierge est assise, le corps du Christ couché sur ses genoux. Marie, dont le visage est légèrement incliné vers la gauche, retient son émotion face à son fils mort. La Pietà a conduit en 1998 le photographe Gregor Podgorski (né en Pologne en 1965) à décliner l’un des plus célèbres mythes de l’histoire de l’art. Un projet ludique, un grand classique réactualisé, dont le thème – clin d’œil adressé à la peinture italienne du XIVe siècle puis à la sculpture de Michel-Ange réalisée un siècle plus tard pour Saint-Pierre de Rome – est bien sûr détourné de sa fonction initiale.

Destinée en premier à la dévotion privée, puis aux grands panneaux qui ornaient les autels des églises, la Pietà est en fait le détail d’une scène plus vaste, la Déploration, ou Lamentation sur le Christ décloué de la croix : une réflexion sur la souffrance, une allégorie de la douleur, une méditation sur la vie terrestre et religieuse.

Qu’importe le message destiné aux fidèles, Gregor Podgorski ne retient que la position des figures (la Vierge Marie et son fils) qu’il décline en images successives. Sur fond d’humour et de parodie, il s’agit avant tout de couples qui s’aiment – passion oblige – et se font part de sentiments partagés. « La mise à nu du couple au sens propre est aussi une mise à nu au sens figuré, où spiritualité et charnel s’entremêlent » : les modèles – anonymes ou célèbres, mariés, unis librement ou pacsés – se sont mis d’accord, le temps d’une pose en studio, allant jusqu’à choisir parfois avec l’aide du photographe leurs accessoires.

Une love story qui réunit mille acteurs, soit cinq cents histoires d’amour de nationalités différentes, et s’offre – presque sans pudeur – au regard de l’autre. Des clichés insolites et drôles, réunis en une mosaïque grandiose et bariolée, que Gregor Podgorski considère comme « une représentation de la société actuelle ».

Claire Gilly

Le Monde du 10 avril 2002

Du 13 au 20 avril 2002. Librairie de création Artazart, 83, quai de Valmy, 75010 Paris. Tél. : 01-40-40-24-04.

Consultez également le portfolio associé à cet article. Les huit images sélectionnées dans ce portfolio sont commentées par Agnieska, muse et modèle préféré de l’artiste.