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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Voix du Nord : Le duo Butz&Fouque à la Maison de la photo : « Une écriture avec le corps

Le duo Butz&Fouque à la Maison de la photo : « Une écriture avec le corps
L’exposition « Fetish Bazaar » rassemble une dizaine d’années de photographies de Perrine Butz et Bénédicte Fougue. Des séries où elles se mettent en scène, jouant avec les codes de la féminité, de la gémellité.

Butz&Fouque, ça sonne comme une trouvaille marketing, une marque, un concept. Mais c’est simplement en accolant leurs deux patronymes que Perrine et Bénédicte se sont trouvé un nom d’artiste. L’Alsacienne et l’Audomaroise, Lilloises d’adoption, se sont rencontrées aux Beaux-Arts de Dunkerque en 2000 et ne se sont plus quittées. Alchimie immédiate, évidente. « Nous avions des pratiques communes en photographie, on s’aidait sur des projets. Et puis on a suivi un workshop de danse avec Carolyn Carlson, et c’est là qu’on est parties dans l’idée d’avoir une écriture avec le corps, inscrite dans des lieux, une architecture. »
Mythologie personnelle Diplômées ensemble en 2005, elles poursuivent, depuis, l’édification d’une mythologie personnelle, « un genre de bestiaire commun », qu’on découvre en partie sur les cimaises de la Maison de la photo. Au rez-de-chaussée les clichés noir et blanc de Nikos Aliagas âpres et pris sur le vif. Au premier étage, les images léchées de Butz&Fouque, postures et mise en scène assumées. Elles auraient pu être des performeuses qui gardent une trace photographique, elles se revendiquent artistes photographes préoccupées avant tout par la composition. « On peut faire des milliers de prises de vue pour trente photos ou même une seule. »

« Être quelqu’un d’autre, sans borne, sans tabou, dans une sorte de fête éphémère_ »

Poses étudiées, nudité, perruques, maquillage (etc.), Perrine et Bénédicte jouent avec les codes de la féminité, de l’intimité, de la gémellité. « Ce qui nous intéresse, c’est la dissonance dans le presque semblable. Dans une société du clonage, de la répétition, on aime faire basculer nos personnages vers quelque chose d’un peu bancal. » Les couleurs vives, les matières chatoyantes, les cadres choisis expriment une gaieté pop et burlesque — « Une sorte de résistance à la morosité, à la lassitude; on est profondément optimistes » — qu’on croirait surgie d’un carnaval (Dunkerque n’y est pas pour rien), avec ce qu’il peut aussi avoir de dérangeant, de légèrement inquiétant. « Être quelqu’un d’autre, sans borne, sans tabou, dans une sorte de fête éphémère », disent-elles.
Le duo Butz&Fouque, à la fois auteur et sujet de ses photos, enchaîne les séries et cherche toujours de nouveaux lieux à investir (il y a déjà eu Sète, la Norvège, le Maroc, l’EPSM d’Armentières…). « C’est comme ça que commence l’histoire… » On a hâte de découvrir la prochaine.

Catherine Painset, La Voix du Nord du 3 mai 2017

 

Quelques photos sont également accrochées à la gare Lille-Europe. « Il nous tenait à cœur qu’elles soient aussi visibles dans l’espace public. » Photo Stéphane Mortagne – VDNPQR

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Depuis 1997, l'Atelier de la Photo, devenu en 2003 la Maison de la Photographie, présente à Lille le meilleur de la Photographie internationale, tout en soutenant la création régionale et la pratique amateur.