LES TRANSPHOTOGRAPHIQUES 2016 DANS LA MÉTROPOLE LILLOISE
Regards sur l’Amérique
Après une édition 2014 qui arpentait les réalités du territoire français, le festival des Transphotographiques traverse l’Atlantique avec une édition 2016 intitulée « These Americans« . Soit l’opportunité de découvrir jusqu’au 31 juillet une pléiade de regards sur les Etats-Unis à travers les clichés de grands photojournalistes mais aussi de jeunes artistes moins connus, présentés dans des monographies ou dans des expositions collectives au Tri Postal et à la Maison de la Photographie.
Au Tri Postal, les travaux de plus de 50 photographes dialoguent ainsi pour interroger l’histoire et l’opinion, avec franchise et même provocation. Première surprise pour le visiteur : les images en couleur, pour la plupart inédites, du tour du monde de Robert Capa dans l’exposition, Capa in Color.
Né à Budapest, naturalisé citoyen américain en 1946, Robert Capa (1913-1954), fut l’un des plus éminents photojournalistes et photographes de guerre du XX siècle, travaillant au cours de la guerre d’Espagne puis de la Seconde Guerre mondiale pour des magazines comme Collier’s et Life. Dès 1938, Capa s’intéresse à la photographie couleur, avant même quelle soit massivement adoptée par les photojournalistes. Ses images en noir et blanc du débarquement en Normandie sont certes passées à la postérité mais il n’en a pas moins utilisé la couleur régulièrement à partir de 1941. Consacrée aux quatorze années durant lesquelles le photographe travailla en couleur, cette exposition met en perspective ces images pour la première fois, dévoilant une nouvelle facette de son travail, réadaptant ses compositions à la couleur, mais aussi à un public qui aspirait au divertissement et à découvrir par l’image de nouveaux horizons. L’exposition Tumultueuse Amérique permet ensuite de découvrir le travail de Jean-Pierre Laffont, photojournaliste en quête de son époque, formidable conteur d’histoires au regard emphatique et empreint d’une inlassable curiosité. Lorsqu’il arrive aux États-Unis en 1965, il se fait rapidement le témoin privilégié de cette nation controversée et photographie durant trois décennies ses mutations politiques, entre observation du destin des puissants et divisions tragiques de leur civilisation. Cette Amérique est avant tout la sienne : spontanée et à dimension humaine. Dans le tableau intense qu’il en dresse, on retrouve une pléiade des évènements qui l’ont marqué des années 1960 à 1990, ses héros et ses héroïnes, le portrait de laissés-pour-compte ou de fanatiques, et le quotidien tantôt âpre tantôt libérateur d’un peuple qui vit au rythme de ses syncopes et de ses crises d’euphorie. Aujourd’hui, cette odyssée photographique, ponctuées d’images iconiques, dessinent les multiples visages d’un pays composite.
A travers sa série New-Yorkaise, Cédric Dubus s’est infiltré dans la ville de tous les possibles. Un projet artistique mais aussi conceptuel puisque le photographe s’est mit dans la peau d’un envoyé spécial pour réaliser ces clichés durant le mois de mai dernier, publiant une à deux photographies par jour sur les réseaux sociaux. La rapidité de la publication des photographies est ainsi en symbiose avec l’inépuisable énergie qui anime la cité New-Yorkaise, en mouvement perpétuel. Au gré de ses déplacements quotidiens, de ses envies et se son désir, l’artiste partage une perception singulière de la Grosse Pomme, entre plan serré et plan large, portraits et architecture, jour et nuit, sport et travail…
La Gazette du 10 juin 2016
Une facette méconnue du travail de Robert Capa, ses photographies en couleur, dévoilée au Tri Postal à Lille.