à la Maison de la photo, Charles Pétillon en magicien du ballon rond
Ce sont des lieux vides mais emplis de sens. Comment raviver notre regard anesthésié par l’habitude ? En faisant surgir des ballons, et du mystère, répond Charles Pétillon, accroché à la Maison de la photographie jusqu’au 22 mars.
Molécules, spores, bulles, grains, ils s’insinuent dans les moindres recoins des tirages accrochés à la Maison de la photographie. Les ballons. Blancs et ronds. En grappe, en colonne, en nuée, ils colonisent et révèlent les décors d’« Invasions », première expo de Charles Pétillon.
Dans Outrances, ils débordent d’une poubelle avec une grâce accusatrice de déchet immaculé. Dans Cloud Computing, ils flottent dans un hangar tel un nuage de données soudain tangible. Dans Anarchitecture, ils prolifèrent entre des immeubles fanés, comme un mérule affamé. Dans la série Ribambelles, ils s’envolent à la queue leu leu, arrachant à leur pesanteur usines ou blockhaus.
« Envahir le territoire »
Des ballons pour le dire. Charles Pétillon, qui travaille dans la pub à Paris, a eu en créant ses décors le coup de foudre pour ce matériau « organique, malléable, accessible, peu cher ». Un conquistador idéal pour « envahir le territoire ». Chez le Lillois, 42 ans, le thème, plutôt que le lieu, fait la photo. « Faire une jolie photo, c’est mon métier, je sais faire, mais ce n’est pas ce que je cherche », confie celui qui « donne des clés » dans ses titres, longuement soupesés.
À raison de quatre ou cinq clichés par an, surtout dans la région, Pétillon se frotte à la société des loisirs, à l’industrialisation de l’architecture ou à la dématérialisation des échanges. Il songe maintenant à aborder les mines. Cherche la bonne approche. Une invasion pour une autre. Le ballon et le charbon.
Depuis 1997, l'Atelier de la Photo, devenu en 2003 la Maison de la Photographie, présente à Lille le meilleur de la Photographie internationale, tout en soutenant la création régionale et la pratique amateur.