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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Voix du Nord : Kpoon Dubus, le photographe du « tranquillement spectaculaire »

Kpoon Dubus, le photographe du  » tranquillement spectaculaire « 

Le photographe Kpoon Dubus expose au Palais Rameau et à Roubaix dans le cadre des Transphotographiques.

L’histoire commence comme ça… À la terrasse d’un café. une commerçante s’enthousiasme : « II y a le grand Kpoon aux Beaux-Arts. » On imagine alors une version lilloise de La Nuit au musée. un pauvre bougre poursuivi dans les artères du palais par une statue d’un dieu indien ou du chef d’un vieil empire d’Amérique du Sud. La vérité est évidemment différente: Une autre terrasse, de jour cette fois. Le grand Kpoon est là. Kpoon, c’est Cédric Dubus, photographe, qui expose aux Transphotographiques, pas aux Beaux-Arts mais au Palais Rameau (12 photos pour Nord(s) regards croisés) et à Roubaix à La Plus Petite Galerie du monde (ou presque) dans jouer pour voir. Avant il était Dj, version drum et jungle. Il a usé pas mal d’avatars pour finalement choisir Kpoon (prononcer Capoune) : le nom. un peu retravaillé d’un ex-collègue de travail.

Sans être vu

Beaucoup de ses photos sont la conclusion de longs moments d’errance à la recherche de ce qu’il appelle  » le tranquillement spectaculaire ». Un jour, dans le métro parisien, Il a été bousculé par un mec. L’oeil de Kpoon a tout de suite été attiré par le pansement que l’homme portait à la main droite. C’est devenu une photo. « J’aime quand mes photos obligent les gens à se poser des questions. » Qu’y a-t-il sous le pansement ? Comment s’est-iI fait ça ? y en a mille et une autre comme ça. Sur son site, Kpoon outres cite Cartier-Bresson : « Il disait que la photographie est une réponse Immédiate à une interrogation perpétuelle. Pour moi. la photographie est une interrogation perpétuelle à laquelle je ne cherche pas de réponse immédiate. » Même si sa mère a retrouvé un cliché du fiston tout bébé avec un Instamatic dans les mains et qu’il a eu un grand-père « ébéniste et photo-graphe ». Kpoon aurait pu ne jamais faire de photo. en tout cas ne jamais devenir photographe professionnel. Gamin, il était passionné de skate  « C’était le seul truc auquel le pensais. Ma chambre était tapissée avec des magazines de skate. » Plus tard. Il a passé un CAP employé des services administratifs et commerciaux et un autre d’agent de prévention et de sécurité. Un été, il est pourtant rattrapé par l’envie de photographier. « Chez moi, l’acte de photographier est compulsif. » Nouveau CAP, de photo cette fois, un poste décroche au début de l’année suivante chez Picto. Le voilà laborantin, toujours DJ. « J’en ai eu marre de faire des photos de mes platines. » Avant de pouvoir vraiment se faire plaisir avec son Leica. Kpoon Dubus a bossé en studio pour la VPC et a longtemps reproduit sur la pellicule la mélancolie qui l’a habité. Il faisait du noir et blanc. beaucoup de flou. Il est passé à la couleur. Il en a terminé avec la photo de flaques d’eau dans lesquelles se jettent les tristes reflets. Kpoon Dubus fait de la « Street Photography« .  Il se revendique de l’école américaine – « par rapport à récole humaniste française ». Il adore ce que fait le photographe français d’origine slovène, Klavdij Sluban. Il fait des photos sans être vu. « mais jamais en se cachant » Lui, le « grand timide » apprécie la sensation de la confrontation à l’autre par le prisme de l’objectif. En même temps qu’il expose aux transphotographiques Kpoon Dubus continue ses séries en cours. Il travaille un sujet qu’il a appelé Vista, autour des lignes d’horizon et des bords de mer.

Il continue à alimenter son « tranquillement spectaculaire ». Il a aussi copieusement mitraillé la ville fantôme de Doel sur le port d’Anvers. Trois sujets qui les n’ont rien à voir les uns avec les autres, mais qui il aime travailler.

Emmanuel Crapet

Voix du Nord du 5 juin 2011

Première grande expo pour le Lillois Kpoon Dubus.