Motivé
Clichés à profusion
Sous l’égide de leur controversé fondateur, les Transphotographiques brodent, cette année, sur le thème « mode et textile ».
N’en déplaise au gotha culturel lillois, Olivier Spillebout assume pleinement la direction artistique des Transphotographiques. Eh oui, le fondateur de ce festival créé à Lille en 2001 ne sort ni de l’école d’Arles ni d’une fac en histoire de l’art. Cet ancien éducateur sportif revendique juste sa passion pour la camera observa. Sans nier ses lacunes, qu’il dit corriger d’édition en édition. Mais les rumeurs sont tenaces. Oui, il pratique la photographie de nu! Oui, sa femme travaille au cabinet de Martine Aubry , « Ce qui a plutôt tendance à me desservir », soupire t’il. Il est surtout manifeste que son festival est un succès public. Avec 95 000 visiteurs en 2007 ! « Il y a huit ans, je me souviens d’un article dans la presse locale qui soulignait l’absence d’un grand festival dans la région, comme il en existe tant ailleurs à l’approche de l’été. J’ai franchi le pas ! » plaide-t-il.
Dès les premières éditions, le festival affiche un programme dense, avec pendant six semaines, plusieurs dizaines d’expositions, des rencontres et des soirées événementielles dans de nombreux lieux culturels et musées de la métropole lilloise, de la région et même de Belgique. De cette profusion est parfois née la confusion, mais Olivier Spillebout revendique une approche élargie du médium présenter tout autant la photographie de recherche que des travaux d’artistes moins ardus. Plus convenus, critiquent certains ! Il y a aussi la volonté — sincère, semble t’il — de valoriser, des auteurs régionaux, à côté des pointures nationales et international. Avec le temps, le patron des Transphotographiques a réussi à convaincre des spécialistes et des commissaires extérieurs de l’aider à élargir son point de vue, tel Jean-Luc Monterosso, directeur de la MEP à Paris. Quant aux thématiques abordées, elles sont suffisamment larges pour satisfaire le plus grand nombre, aussi bien du côté du public que des institutions sollicitées pour financer l’événement. « je ne connais pas encore les subventions que nous obtiendrons en zoo8, mais nous tablons sur un budget de 6oo 000 €, dont les deux tiers assurés à parité par la ville de Lille et le conseil régional. Ça peut paraitre beaucoup, mais un audit récent du cabinet Deloitte conclut qu’il nous faudrait un million pour bien fonctionner. Ce qui resterait nettement en dessous des moyens dont disposent des festivals comme Perpignan ou Arles », précise t’il. Pour cette septième édition, le thème fédérateur est la mode et le textile. Si, pour la mode, le lien avec la région n’est pas évident, pour le textile il s’impose, en référence à son passé industriel et à sa vocation plus tardive en tant que berceau national de la vente à distance (une exposition est consacrée aux photographies de mode de La Redoute). Sans pouvoir citer tous les rendez-vous, on soulignera l’événement « One-man-show » de Karl Lagerfeld, la rétrospective David Seidner, les ‘Temps de pause » de Peter Knapp, le fonds photo du musée de la Dentelle de Calais, la série historique du baron Adolphe de Meyer ou encore l’exposition collective proposée par Agnès b. Plus tous les autres…
François Lecocq pour Télérama juin 2008