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La Maison de la Photographie est, avant d’être une association, un projet, initié dès 1997, par Olivier Spillebout. Passionné de photographie, il a l’idée de créer un lieu d’exposition photographique et un festival quelques années après. Animé par une volonté d’agir, il crée, année après année, des rencontres photographiques de qualité, réussissant à convaincre les plus grands artistes de venir exposer ou travailler à Lille, comme Willy Ronis, Sabine Weiss, Peter Lindbergh, Paolo Roversi, William Klein, et bien d’autres…. ainsi que les grandes institutions comme la Maison Européenne de la Photographie à Paris, la Bibliothèque Nationale de France, l’international Center of Photography de New York et un réseau de galeries françaises et internationales fidèles.
C’est d’ailleurs grâce à sa passion et son enthousiasme qu’il réussit à convaincre, dès 2001 le directeur de la MEP, Jean-Luc Monterosso d’accompagner les Transphotographiques. Il faut donc souligner que ce projet est un projet indépendant : depuis plus de 20 ans, il a toujours été porté avec ténacité et engagement par son fondateur, dans un esprit d’entreprendre.
« Depuis 2001, je soutiens et je suis avec une grande attention la Maison de la Photographie et son indissociable festival des Transphotographiques. La collaboration entre nos deux institutions a permis au public régional des Hauts-de-France de bénéficier des grands projets de la Maison Européenne de la Photographie. Pour 2018, j’ai proposé à Olivier d’accueillir dans le festival ma dernière grande exposition : « La Photographie Française existe, je l’ai rencontrée », qui sera inaugurée demain, le 6 mars, et donne une vision sur les plus grands chefs d’oeuvres contemporains. J’espère vivement que les difficultés actuelles se dissiperont rapidement, pour permettre à notre partenariat de se poursuivre, dans les beaux écrins que sont les lieux culturels lillois pour la photographie ».
Jean-Luc Monterosso, 1er mars 2018
Dans les années 90, Olivier Spillebout travaille à Fives, il est voisin du lieu abandonné. Le contexte de l’époque est celui du début de la reconquête urbaine, des réhabilitations d’anciens bâtiments et des reconversions économiques. Olivier Spillebout, s’imagine pouvoir faire revivre la vieille usine de papier en friche en la réhabilitant totalement lui-même pour en faire son habitation.
En 1997, le bâtiment est à l’abandon, rempli de ferraille, de mauvaises herbes et de bandes de papier, ouvert à tous vents. Le propriétaire, la ville de Lille, n’a pas de projet. Avec l’accord de cette dernière, Olivier Spillebout obtient la mise à disposition du lieu, avec une promesse de vente. Lui-même, il le débarrasse, y amène les fluides, le tout-à-l’égout, refait l’étanchéité et y réalise les aménagements nécessaires au fur et à mesure de ses possibilités, pour y emménager sa résidence et ses activités.
Il se propose ensuite de concrétiser l’achat du bâtiment à la Ville de Lille, qui fait fait procéder à la validation du prix fixé par les services des Domaines, par le Tribunal de Lille, sur la base d’une expertise judiciaire, le prix tenant compte de l’état d’origine du bâtiment, ainsi que des travaux entrepris par Olivier Spillebout.
Au fil des années, il contracte des emprunts à titre personnel pour réaliser des travaux plus conséquents, comme le façade de baies vitrées qui clôt le rez-de-chaussée, la réfection de la toiture, l’amélioration de l’accessibilité, l’ensemble du gros oeuvres et aménagements structurants. En 2005, Il crée son logement en bois sur le toit de l’immeuble afin de dédier entièrement l’espace rénové du RdC et 1er étage au projet culturel.
Puis en 2010, et 2012, il réinvestit, toujours à titre personnel, pour remettre l’espace dans sa configuration d’origine, doubler la surface d’exposition et donner au bâtiment une entrée sur la rue centrale au 28 rue Pierre Legrand et au 22 rue Pierre Legrand un espace de stockage / Atelier ; Le “18 rue Frémy” devient ainsi un véritable espace muséal équipé, accessible, modulable et adapté à toutes les formes d’expositions.
Cette initiative de reconversion d’une friche industrielle en lieu culturel est une des premières à Lille dans les Années 1990-2010.
Aujourd’hui, autant par les expositions organisées (Georges Rousse, Costa Gavras, William Klein…) que par les événements privés accueillis (Kenzo, Guerlain, Canon, Maserati, Orange,…) , ce lieu est devenu un véritable lieu d’attractivité : un moteur économique et culturel unique pour le quartier de Fives, un lieu d’excellence dans un quartier en grande difficulté, et aussi surtout une structure reconnue au niveau national et international.
Il convient de préciser que, à l’occasion de la création d’un équipement culturel porté par des collectivités locales ou territoriales, ces dernières prévoient un budget de fonctionnement, mais également un budget d’investissement important consacré soit à la construction d’un lieu, soit à la mise à disposition d’un local avec financement de travaux de rénovation, se chiffrant à terme dans les deux cas en millions d’euros.
A Lille et dans la région, on peut citer les Maisons Folies, le Flow (centre des cultures urbaines), la Condition Publique, le Fresnoy, Le Grand Sud, Saint-Sauveur, l’Institut du Monde Arabe, le Louvre-Lens, et plus récemment le futur projet d’Institut pour la Photographie, budgété à 10 Millions d’euros.
Ces équipements culturels ont tous pour vocation, au même titre que la Maison Photo, de proposer une programmation artistique de qualité et de bénéficier parallèlement à l’activité et l’attractivité du territoire.
Cependant le cas de la Maison de la Photographie diffère dans le sens où cet équipement culturel est né d’une initiative individuelle qui en a financé entièrement l’investissement et a assumé tous les risques, non sans en essuyer des critiques.
Depuis 2001, date des premières subventions pour le Festival Transphotographiques, les collectivités publiques n’interviennent financièrement qu’au titre du fonctionnement et non de l’investissement ce qui est exceptionnel.
Le projet peut donc être vu comme un partenariat public-privé exemplaire, (programmation artistique soutenue par les fonds publics et réhabilitation du lieu financé par un investissement privé) qui bénéficie au public à moindre coût pour les collectivités.
Après 20 ans d’existence, la Maison de la Photographie est devenue une référence, autant par les projets qu’elle porte tout l’année, que par le Festival Transphotographiques, qui rayonne au niveau international.
Le monde des artistes, des commissaires, des institutions et des galeries, félicitent l’initiative lilloise, dans les témoignages: http://lamaison.format.com/témoignages/
La Maison Photo propose des expositions centrées sur ses trois lignes fortes en termes de choix artistiques :
La Maison Photo est aussi lieu d’éducation à l’image, de médiation culturelle et de solidarité dans le quartier, la ville et la Région, avec un rôle essentiel d’accès à la culture pour tous.
De nombreuses actions de proximité sont réalisées par la structure :
Récemment l’Etat et la DRAC ont soutenu un projet estival d’atelier d’écriture avec les habitants autour de l’exposition « Frank Horvat et ses contemporains » dans le cadre des Transphotographiques 2018.
Dans un contexte évolutif de réduction des contributions publiques de la culture, Olivier Spillebout cherche les moyens qui lui permettraient de continuer d’investir pour l’extension de l’équipement fivois et pour le développement du projet culturel.
Il a alors fait le choix d’assurer la pérennité du projet en créant, dès 2010 un projet indépendant “La Maison Évènementiel”, dans le bâtiment qui lui appartenait, ayant pour activité des services évènementiels et de privatisation d’espaces, à destination des particuliers et des entreprises.
Cette nouvelle activité dans le lieu a permis d’attirer de grandes marques à Fives, comme : Kenzo, Dior, Guerlain, Marithé et François Girbaud, Lancia, Citroën, Maserati, Canon, RTE… et d’en faire, au delà du lieu culturel, un véritable lieu d’excellence évènementiel et économique.
Ces nouvelles activités, développées par Olivier Spillebout à partir de 2010, ont été intégrées en 2016 au projet Maison de la Photographie, et lui ont apporté des recettes supplémentaires, permettant de faire passer son autofinancement de 0% en 2010 à 60% en 2017.
Pour autant, ce nouvel auto-financement n’était pas suffisant pour résoudre les difficultés du budget de fonctionnement de la Maison de la Photo.
Les risques financiers personnels et le poids des critiques sur le bâtiment (critique sur le fait qu’il soit propriétaire et directeur de l’association) devenaient trop lourds pour Olivier Spillebout, qui s’est vu contraint, en 2013, de prendre, à regret, la décision de ne plus être propriétaire et de trouver un acquéreur pour le bâtiment. Ce n’était pas sa volonté initiale.
Au bout de 3 ans, après avoir rencontré de nombreux promoteurs locaux et recherché des investisseurs privés avec l’aide de cabinets spécialisés, il accepte une des offres, celle d’une SCI de Rennes, en 2016 acceptant de laisser l’association dans les lieux.
La Maison de la Photographie poursuit donc ses activités dans les mêmes locaux en tant que locataire d’un propriétaire indépendant.
En conclusion, Olivier Spillebout préparant l’avenir, a apporté une activité économique indépendante au projet culturel, qui a permis à la Maison de la Photographie de rester active malgré la baisse de financements publics voir même l’émergence de nouveaux projets autour de la Photographie portés par les élus.
La Maison de la Photographie, forte de son histoire, de sa fréquentation, et de sa reconnaissance comme point de repère et de rencontre pour la photographie sur le territoire, porte encore des projets ambitieux, avec de grands artistes, que ce soit en son seing, ou par l’organisation du Festival Transphotographiques.
Pourtant, ce projet culturel n’est pas viable sans un soutien fort des financements publics en fonctionnement, en complément de l’autofinancement et du mécénat.
Même même si elle poursuit son travail de diversification des ressources, avec les privatisations événementielles, le soutien des Fondations, le Mécénat, il sera toujours très difficile à la Maison Photo de réussir à stabiliser durablement le projet, à moins que les pouvoirs publics décident finalement revenir de manière significative au budget de fonctionnement de la structure.
Il est anormal que certaines collectivités, comme la Ville de Lille, baissent de façon drastique et unilatérale leur soutien financier, tout en critiquant l’activité évènementielle créée pour augmenter la part d’auto-financement.
En parallèle de ces constats, a émergé un nouveau projet annoncé par la Région en 2017 : l’Institut Pour la Photographie.
Il représente l’opposé de ce qui a été exposé ci-dessus : un investissement public exorbitant sur un projet initié par des élus sans aucune concertation réelle avec les acteurs du territoire. Un projet qui ne répond pas à un besoin identifié au niveau régional comme national
Associée depuis quelques mois au “Comité d’Experts” créé par l’Institut, la Maison de la Photographie estime que ce comité n’est ni consultatif, ni décisionnaire du projet à 10 millions d’euros du Conseil Régional des Hauts de France. Un comité dont l’avis n’a été sollicité ni sur le bien-fondé de l’idée d’Institut, ni sur sa localisation, ni sur son champ d’action, et qui n’est en rien complémentaire aux projets des acteurs du territoire.
La Maison de la Photographie, et ceux qui la soutiennent, défendent la culture, l’accès à la culture pour tous, l’éducation à l’image : une culture populaire et accessible. Ils travaillent ensemble pour la promotion de la photographie régionale, nationale, européenne et internationale, et contre la précarisation culturelle des quartiers, comme des artistes.
La Maison de la Photographie continuera à essayer de survivre même si les soutiens publics lui font défaut, et à proposer ses expositions annuelles et son Festival métropolitain, qui fédère plus de 30 structures culturelles au printemps de chaque année.
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