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Maison de la Photographie / Lille / Hauts-de-France
 

Peter Lindbergh : Berlin

Exposition du 5 au 30 septembre 2013
Vernissage le jeudi 5 septembre à 18h30

 

Peter Lindbergh trouve un regard plus érotique que des seins et des jambes; « et une bouche est belle quand elle sait dire des choses intéressantes et sensibles.(1) » Une opinion assez déconcertante chez quelqu’un qui n’aura cessé, depuis les années 1980, de photographier la mode et qui s’est acquis une gloire planétaire comme photographe de mode. Mais Peter Lindbergh n’est pas un photographe de mode ; en tout cas pas au sens ordinaire. Ce n’est pas un hasard si ses photos sont exposées depuis les années 1990 dans les galeries, les centres d’art et les musées. Il n’a jamais succombé à la fascination de la mode et le doute l’emplit quand il entend dire que la mode serait un moyen approprié pour trouver son identité personnelle (2).

S’il n’a pas à vrai dire d’objections de principe contre ce genre d’idées véhiculées par la sociologie de la mode (3), il doute cependant que l’on puisse s’acheter une identité « sans avoir à faire quoi que ce soit par soi-même (4) ». Une conviction fondée sur pareille tournure d’esprit devait nécessairement fournir le préalable idéal à modifier du tout au tout l’orientation de la photographie de mode. Peter Lindbergh a fait bien davantage en effet que photographier inlassablement les illustres « supermodels » – de Linda Evangelista à Tatjana Patitz, Nadja Auermann, Kristen McMenamy et Milla Jovovich, en passant par Naomi Campbell et Cindy Crawford –, et ses magistrales photos en noir et blanc auront contribué de façon décisive à créer, rien de moins, le phénomène des « supermodels ». Pour cela, il fallait que les mannequins n’apparaissent jamais, sur aucune de ses photos, comme des objets. Jamais Lindbergh n’a porté atteinte à leur dignité humaine et l’on ne saurait donc s’étonner qu’à l’aide de leur présence, il ait également renouvelé au passage la photographie de portrait. Pendant plus d’une décennie, les « supermodels » ont déterminé le visage de la photographie de mode. Une durée incroyablement longue pour une activité assujettie, plus qu’aucune autre, à la loi d’un implacable changement. Elles étaient plus célèbres que la plupart des vedettes de cinéma d’Hollywood. Leur crépuscule des dieux est arrivé lorsque les mannequins qui leur ont succédé se sont mis à poser en les imitant et à se glisser dans le rôle de « next top models » sans identité. La réaction de Lindbergh : travailler principalement avec des actrices comme Kate Winslet, Julianne Moore, Penelope Cruz ou Charlotte Gainsbourg.

Quand on part à la recherche des qualités et des talents particuliers du photographe qui a créé ces images devenues, depuis longtemps, des icônes modernes, on tombe très vite sur sa relation spécifique au regard humain. Que ce rapport spécifique imprime aussi sa marque à la propre perception de Lindbergh est une chose qui va de soi, mais elle est pourtant moins évidente qu’il n’y paraît à première vue. Ainsi son regard sur le monde se distingue-t-il considérablement (et essentiellement) de celui de la plupart des photographes, je veux dire de la plupart des photographes de mode. Son regard n’est pas le regard photographique habituel qui prend symboliquement possession de tout ce que la focale et l’angle de vue de l’appareil saisissent quand on appuie sur le déclencheur. Il n’a pas le moindre caractère possessif. La structure et le mécanisme de l’appareil photo prêtent main-forte à une volonté d’appropriation symbolique et en font en outre un outil capable de fixer sur une image ce qui n’a d’existence que passagère. Sa vision et donc son mode de représentation sont un héritage de la Renaissance.

Extrait du texte de KLAUS HONNEF

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1. Peter Lindbergh dans un entretien avec Carla Woter, février 2010, in Brigitte woman. Das Magazin für Frauen über 40, septembre 2010.
2. Peter Lindbergh dans un entretien avec Heinz-Norbert Jocks, « Das Foto aus dem Geist eines Bastards. Ein Gespräch mit Peter Lindbergh », in Kunstforum International, n° 175, 2005, p. 154 et suiv.
3. René König, Menschheit auf dem Laufsteg. Die Mode im Zivilisationsprozeß, Carl Hanser Verlag, Munich / Vienne, 1985, p. 369 et suiv.
4. Peter Lindbergh dans un entretien avec Heinz-Norbert Jocks (note 2).

 

En savoir plus

 

Horaires :
Ouvert du jeudi au dimanche de 11h à 18h.
Attention : en raison d’événements privés, il est possible que la Maison de la Photographie soit fermée au public certains jours.

Tarifs :
Normal 8€ / Réduit 5€ ( Carte étudiant, seniors + 65ans , demandeurs d’emplois, détenteurs de carte famille nombreuse )
Gratuit ( Enfants de – 8 ans, bénéficiaires du RSA, personnes à mobilité réduite + 1 accompagnant et lors du vernissage de l’exposition).

 

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